Rosanne Cash à Paris ? Ça ne se rate pas bien sûr ! Nous étions donc l’autre soir au New Morning (7-9 rue des Petites Ecuries, 75010 Paris) transformé en l’occurrence en très convenable honky-tonk.

Voir Rosanne Cash c’est, bien sûr, communier dans le souvenir de Johnny Cash (décédé en septembre 2003), de June Carter Cash (décédée en mai 2003), et de Vivian Liberto Cash (la maman de Rosanne Cash et la première épouse de Johnny, décédée en mai 2005). Le dernier album de Rosanne, Black Cadillac (CDP0946 3 4878 02), est d’ailleurs dédié à la mémoire de ces trois disparus qui comptèrent tant pour elle.

Il y avait seize ans que Rosanne Cash n’était pas revenue chanter à Paris, elle qui a dans son répertoire une très belle chanson – elle nous l’a d’ailleurs chantée ce soir-là – intitulée We’ll Sleep in Paris. Mais Rosanne n’était pas là, pas seulement en tous les cas, pour « dormir à Paris », mais pour prouver (à ceux qui l’ignoreraient encore) qu’elle reste encore et toujours une des très grandes de la country.

Piété filiale oblige, elle a bien évidemment interprété quelques grands hits de son père dont Big River devenu depuis longtemps un standard country. Mais aussi – et là nous avons été emportés par l’émotion – le superbe September When It Comes qu’elle chantait en duo avec son père sur l’album Rules of Travel (Capitol 7243 5 82581 2 7).

Rosanne Cash, c’est tout à la fois une voix et une personnalité. Une écorchée vive. Un roc en apparence. Mais elle ne trompe personne quand elle chante Radio Operator en mémoire d’une époque où Johnny Cash était radio (et décrypteur de génie) de l’US Army en Allemagne et que, boy so far from home, il envoyait des messages amoureux à une girl in San Antone.

Elle a chanté aussi Black Cadillac, cette Cadillac noire qui a emmené « l’homme en noir » vers son dernier voyage, parti peut-être pour vérifier si, comme sa fille l’affirme, God Is In The Roses…

Photos : Patricia Damelincourt

Pendant deux heures, nous avons été ailleurs. Et nous sommes retournés là-bas, dans ces Etats-Unis d'où nous revenions (mais à chaque fois un peu plus difficilement) de passer trois semaines dans la chaleur du Nouveau-Mexique et du Texas.

Aux côtés de Rosanne, outre un batteur de génie et un bassiste talentueux, le guitariste – un vrai magicien, lui – John Leventhal, compositeur de nombreux morceaux de l’album Black Cadillac (dont Radio Operator). Deux heures. Deux heures de pur bonheur à côté duquel il convenait bien sûr de ne pas passer. Il n’y a pas – hélas – souvent de country au New Morning. Mais quand il y en a, c’est toujours du roots, du solide, de l’authentique.

A.S

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