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Autant
en emporte le vent et Margaret Mitchell
Au pays des magnolias, la fin du Vieux Sud
Pour
évoquer Tara, la plantation de Scarlett OHara dans Autant
en emporte le vent, Margaret Mitchell sest inspirée de
la propriété de ses arrière-grands-parents, "Fitzgerald
Farm", dans le comté de Clayton, à une heure de route
dAtlanta.
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Lorsque
Margaret Mitchell était enfant, sa mère lavait
emmenée en promenade dans le comté de Clayton, lui
faisant admirer les belles maisons à colonnes doriques
qui avaient échappé à la fureur des Yankees.
La petite fille imaginait alors les grandes fêtes qui sy
donnèrent, nourrissant ainsi, sans le savoir, limaginaire
qui lui servira à écrire sa grande saga, son chef-duvre.
Eléments essentiels de la résistance des Sudistes
à lavance nordiste, les marais de Clayton. Cest
là historiquement que les populations confédérées
se réfugièrent lors de lavance yankee en Géorgie.
Cest là dans le livre que Margaret
Mitchell situe les pages les plus fortes de son roman-fleuve.
Sachant que les Nordistes avaient ordre de pratiquer la politique
de la terre brûlée, les Géorgiens partirent,
avec leur bétail, se cacher dans les marécages et
les bayous où les soudards de lUnion nosèrent
guère saventurer.
Atlanta est incendiée en 1864. En mai 1865, le Sud a cessé
de se battre. Soixante-dix ans plus tard, Autant en emporte le
vent viendra témoigner que "The South Will Rise Again"
(Le Sud se dressera à nouveau). |
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Margaret
Mitchell est née en 1900. Lincendie dAtlanta
est encore vécu comme un traumatisme par les survivants.
Elle noubliera jamais cette vision dhorreur quon
lui raconte.
Ce nest pas seulement une ville qui disparaît dans
les flammes. Cest un monde. Une manière dêtre
et de vivre. Quand Harold Latham, directeur littéraire
et vice-président des éditions McMillan, reçoit
de la part de Margaret Mitchell, en 1935, les vingt grosses enveloppes
contenant des milliers de pages, il na jamais eu entre les
mains un manuscrit aussi volumineux.
Descendu de New York en Géorgie, pour y découvrir
de jeunes auteurs, il avait rencontré Margaret Mitchell.
Comme il savait quelle avait écrit " quelque
chose ", il lui demanda de lui montrer son texte. Quand elle
cède enfin, elle lui apporte dans le hall du Georgian Terrace
Hotel, à Atlanta, les vingt enveloppes contenant les 63
chapitres dAutant en emporte le vent. Et lui explique quelle
la écrit de 1926 à 1929, tapant des premières
heures du jour à la nuit sur sa Regmington portative. Bloquée
chez elle par une entorse grave compliquée dune arthrite,
elle sest amusée, sur les conseils de son mari, à
raconter la vie et la mort de ce Sud quelle porte
et supporte au plus profond de son cur. |
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Margaret
Mitchell a été bercée
toute son enfance par des histoires dhonneur et de combats.
En même temps quelle apprend à lire, elle apprend
le nom des batailles. Elle connaît par cur les chants
confédérés à commencer par
lhymne sudiste, I Wish I Was In Dixie que sa mère
lui chante le soir pour lendormir.
Le dimanche après-midi, elle écoute de toute son
âme les vétérans raconter et raconter encore
la bataille dAtlanta.
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Un
jour quelle revient de lécole, elle déclare
à sa mère :
Je naime pas larithmétique, je ne
retournerai pas à lécole.
Une
déclaration péremptoire. Qui lui vaut dabord
une bonne fessée.
Puis, ayant fait atteler une voiture, sa mère lemmène
en direction de Jonesboro, dans le comté de Clayton. Pour
lui montrer dabord une plantation ruinée. |
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Regarde, autrefois des gens fortunés habitaient ici. Ils
nont pas su faire face. Regarde cette maison au contraire.
Elle se tient fière et droite comme ses occupants. Noublie
jamais ça. Le monde dans lequel vivaient ces gens était
semblable au tien aujourdhui.
Ce monde sest dérobé sous leurs pieds. Un
jour viendra où le tien aussi se dérobera. Et que
Dieu te protège si tu nas pas une arme pour te défendre.
Léducation, voilà ton arme !
Margaret
a compris la leçon. Elle
saccroche à lécole. Mais pas seulement.
Un jour comme Bonnie, la fille de Scarlett et de Rhett
Butler elle tombe de son cheval. Elle nen mourra
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pas,
comme Bonnie, mais elle sera grièvement blessée aux jambes.
A peine guérie, elle remontera à cheval sans manifester
la moindre peur.
Les personnages dAutant en emporte le vent sont des personnages
de fiction, bien sûr. Il nempêche que ce jeune lieutenant,
Clitford Henry, dont elle tombera amoureuse lors dun bal, rappelle
énormément Ashley Wilkes.
Le lieutenant Henry sera tué en France pendant la Grande Guerre,
juste avant larmistice.
Après
la mort de sa mère, victime dune épidémie
de grippe espagnole, elle interrompt ses études au Smith College
(Massachusetts) et rentre à Atlanta soccuper de son frère
et de son père. Elle a 20 ans. Elle est menue le tour
de taille le plus minuscule de Géorgie et jolie comme
un cur. Comme Scarlett ? Comme Scarlett.
Et comme Scarlett, Margaret fait quelque peu scandale dans la High Society
dAtlanta. Elle fume, boit des cocktails, lit tout ce qui lui tombe
sous la main et danse le charleston. Et elle est très courtisée.
Elle écrit à lun de ses flirts : "Je réalise,
à présent, que jamais je ne pourrai épouser aucun
dentre eux. Ce ne sont que des amis. Comprends-tu ? Pourtant,
Al, je sais que mon bonheur est auprès dun mari et denfants.
Je ne crois pas beaucoup au bonheur. Mais mes meilleures chances de
latteindre sont dans lamour et je suis incapable daimer."
Et pourtant
Pourtant elle rencontre bientôt Red Upshaw.
Clitford Henry, cétait un peu le doux et mièvre
Ashley Wilkes. Red Upshaw, rebelle, dandy, pas très " moral
", cest Rhett Buttler. Malgré lopposition de
son père, qui voit dun sale il ce séducteur
patenté, elle épouse Red. Et ce qui devait arriver arriva.
Lassé de cette vie routinière, Rhett pardon, Red
abandonne Scarlett pardon, Margaret. Une autre serait
brisée. Pas Margaret. Comme Scarlett, elle fait face. Et devient
lun des journalistes-vedettes de lAtlanta Journal.
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Le
4 juillet 1925, elle épouse John Marsh. Il na pas
la séduction de Red Upshaw. Mais il est tendre et attentionné.
Le couple sinstalle dans un appartement de Crescent Avenue.
Cest là quelle commencera décrire
Autant en emporte le vent. Avec laide de John qui, dès
quun chapitre est terminé, le lit et suggère
quelques corrections. Peu sûre de son talent, elle confiera
à lun de ses amis, Franklin, à quelques semaines
de la parution du livre :
Si mon roman se vend à mille exemplaires, jen
serai satisfaite.
Le livre terminé, elle lenferme dans un tiroir. Il
va y dormir six ans. Jusquà ce que Harold Latham,
des éditions McMillan, lui force la main comme nous le
racontons plus haut.
Le livre paru, la vie de Margaret devient un tourbillon. Personnage
public, elle naspire cependant quà une vie
retirée et paisible. Elle explique :
Mon livre appartient à quiconque a les moyens de
lacheter. Mais rien de ce qui est à moi nappartient
au public.
Elle ne supporte pas les interviews répétitives,
les coups de téléphone incessants (un toutes les
trois minutes), les déluges de télégrammes
(un toutes les sept minutes). Mais elle ne peut guère échapper
à sa gloire. Auteur mythique, elle a donné aux Sudistes
le livre qui les venge de toutes les humiliations que les Yankees
leur ont fait subir. Et le film, le grand film de Victor Fleming,
fera le reste. Comme les vétérans sudistes après
la reddition des Etats confédérés, Margaret
Mitchell pouvait dire : "Ils se sont peut-être rendus.
Pas
moi
"
Alain
Sanders
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A
visiter à Atlanta : le musée Margaret-Mitchell,
990 Peachtree Street, Atlanta, Georgia 30309. Tél. : (404)
249-7015.
Internet
: www.gwtw.org
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