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La
Glorieta Pass :
ce
« Gettysburg de l’Ouest »
Si
la célèbre bataille de Gettysburg (Pennsylvanie) en juillet
1863 marqua la fin des perspectives offensives de la Confédération
des Etats du Sud sur le front Est, la bataille de la Glorieta Pass signifia,
dès la première année de la guerre de sécession
et après des opérations déterminantes qui restent
trop peu connues, la fin de ses espérances dans le Far West.
Cette bataille qui acheva, par un stupéfiant retournement de
situation, la première campagne offensive de la Confédération,
n’opposa que quelques centaines de combattants , loin des grandes
batailles rangées qui commençaient de se livrer à
l’Est. Elle eut pourtant des conséquences décisives.
On peut même penser qu’elle ruina la plus fabuleuse des
occasions qu’eut le Sud pendant cette terrible guerre. Cette bataille
se livra dans un canyon situé au pied des Monts Sangre de Cristo,
dans les régions arides du Nouveau-Mexique, au sud-est de Santa
Fé, non loin de Fort Union, le dépôt général
du matériel et des vivres de l’US Army au Nouveau-Mexique.
Le
rêve impérial
Pour
le Sud il avait fait un rêve grandiose, peut-être démesuré,
mais qui peut savoir ? Celui d’un véritable « Empire
du désert », convoité non pour ses scorpions,
ses mesas ou ses saguaros, ni même pour le ciel,
d’une beauté sans nom, que l’on peut contempler dans
ces régions, mais pour ses richesses : les mines d’or et
d’argent du sud-ouest. Trésors qui auraient dû alimenter
de façon substantielle les finances et l‘effort de guerre
de la Confédération.
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A l’origine
de ce rêve, qui devint un projet, puis une véritable
expédition, se trouvait Henry Sibley, officier de carrière
et inventeur de la tente qui porte son nom. Un personnage controversé
et qui, bien qu’ambitieux, ne fut pas à la hauteur
d’une telle entreprise, que d’autres cependant ne
furent pas très loin de mener à bien à
sa place. Arrivant de Taos, précisément au Nouveau-Mexique,
sa dernière affectation dans l’Armée fédérale
dont il venait de démissionner, l’ex-Major Sibley
réussit à convaincre, à Richmond, le Président
Jefferson Davis, qui le nommera brigadier général
et lui confiera l’organisation et le commandement d’une
brigade. Recrutée au Texas, elle sera composée
des quelques 3 500 hommes des 4th, 5th et 7th Regiments
of Texas Mounted Volunteers, commandés respectivement
par le lieutenant-colonel William Scurry, le colonel Thomas
Green, et le colonel William Steele, accompagnés de quinze
pièces d’artillerie, d‘un train des équipages
et d’un troupeau de bœufs pour le ravitaillement.
Les
dominos
La mission
de la New Mexico Army (c’est ainsi que
Sibley surnommera sa brigade) était de remonter la vallée
du Rio Grande, en s’emparant des forts disséminés
sur les rives du fleuve. Gagner le Nouveau-Mexique à
la Confédération, ouvrir les portes du Colorado,
c’est ce qui avait été convenu avec Davis.
Mais, secrètement, Sibley prévoyait d’aller
beaucoup plus loin, et une fois le Colorado conquit, d’obliquer
vers l’Ouest, dans un grand mouvement stratégique
visant à prendre le contrôle des territoires traversés,
jusqu’au Pacifique, avec le concours des sécessionnistes
locaux qui ne manquaient pas… Denver était agitée
par de forts remous, les partisans de la Confédération
y rassemblaient secrètement des armes. Dans l’Utah,
les Mormons toujours en délicatesse avec le gouvernement
fédéral, accepteraient sans trop de peine la juridiction
confédérée. Dans le Nevada, nombre de mineurs
venaient des Etats du Sud et à Virginia City les autorités
fédérales durent mettre « à
l’ombre » certains d’entre eux, trop
zélés. Quant à la Californie, elle aussi
connaissait des troubles, notamment dans le sud, à San
Diego, Santa Barbara, San Bernardino, ou encore à Los
Angeles, où s’organisa une milice pro-sudiste,
les Los Angeles Mounted Rifles, qui eut sa petite épopée.
Il fut même question d’annexer enfin – c’était
un vieux débat – les provinces frontalières
de Chihuahua et de Sonora, le Mexique étant en pleine
anarchie.
Au delà
des trésors, il s’agissait donc pour Sibley de
faire de la Confédération une nation Transcontinentale,
par la prise de contrôle de tout le Grand Sud-Ouest, jusqu’aux
ports ouverts de la côte Pacifique. Pour peu que l’on
s’y prenne bien, pensait Sibley, tout l’édifice
fédéral s’effondrerait dans une véritable
réaction en chaîne, comme aux dominos…
Arizona
!
C’est
en Arizona que l’attente de la population était
la plus forte et la plus unanime. La possession de cette région
se trouvant être déterminante pour le Sud, comme
la connexion naturelle entre le Texas et la Californie, la pièce
essentielle du grand puzzle. A vrai dire l’Arizona n’existait
pas encore, ou à peine, lors des discutions entre Davis
et Sibley, et ce dernier, malgré ses grands projets,
ne fut strictement pour rien dans sa naissance. Le temps qu’il
rentre de Richmond et quelqu’un d’autre l’aura
précédé…
« Arizona »...
Ce qui fut ainsi baptisé et finira par devenir un Etat,
quoique dans des limites très différentes, fut
créé par ses habitants en même temps qu’ils
en proclamèrent la Sécession, en mars 1861, mais
n’exista officiellement que le 14 février 1862,
lorsque cette région fut reconnue comme nouveau Territoire
par le Congrès confédéré, qui reçu
son représentant, Granville Oury, démocratiquement
élu. C’est seulement un an plus tard, le 24 février
1863, que le Congrès US créera officiellement
son propre « Territoire de l’Arizona »
lui donnant alors, comme par vengeance, des frontières
arbitraires.
« Arizona »
vient probablement de la contraction de l’espagnol « arida
zona » : zone aride, et fut constituée, sous
sa forme première, de la moitié, située
au-dessous du 34 ème parallèle de latitude nord,
de ce qui était alors l’immense Territoire du Nouveau-Mexique.
Peu peuplé, avec deux points de concentration, le long
de la vallée de Rio Grande ,et plus à l’ouest,
la région de Tucson, les habitants y avaient conçu
un fort ressentiment contre le gouvernement fédéral,
qu’ils accusaient de les sous-administrer, au profit exclusif
du nord du territoire où se trouvait Santa Fé,
la capitale. Ayant réclamé dès 1856 au
Congrès US que leur région devienne un Territoire
distinct de celui du Nouveau-Mexique, leur requête s’était
vue opposée une fin de non recevoir…
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Terreur
Apache
Ce
sentiment d’abandon fut confirmé en 1861 par l’évacuation
des Forts Buchanan et Breckinridge , jugés trop isolés
par Washington et le War Department après la sécession
du Texas. Cette évacuation eut pour effet dramatique de laisser
sans protection les colons installés au sud de la Gila River,
et menacés par les Apaches Chiricahuas menés par Cochise,
puis par Géronimo… Jetés dans la révolte
par la bêtise d’un jeune lieutenant de l’US Army
qui accusa faussement Cochise et les siens de l’enlèvement
d’un enfant blanc, les irréductibles Chiricahuas , fiers
et cruels, menaient une guerilla sanglante, et à leur suite,
encouragée par le retrait des « longs couteaux »,
toute l’Apacheria s’était déchaînée
: Minbrenos, White Mountains, Mescaleros, exterminaient tout ce qui
ressemblait à un blanc, civil ou militaire, que son uniforme
soit bleu ou gris… Car les troupes confédérées,
qui prendront le relais des fédéraux en Arizona, tenteront,
aussi vainement qu’eux de le sécuriser. Ce sera surtout
la tâche des milices locales, dépendant plus ou moins
de l’armée régulière. Dans l’ouest
de l’Arizona, la partie la plus dangereuse, ce sera aussi le
travail des Arizona Rangers. Essentiellement recrutés
dans le territoire et organisés sur le modèle des célèbres
Texas Rangers, ils auront pour mission de protéger
la frontière et d’empêcher les raids indiens et
mexicains. Le 1st Regiment of Arizona Rangers appartenant officiellement
à l’armée Confédérée, sera
levé à Mesilla le 25 janvier 1862, en marge de la campagne
de Sibley, et n’aura jamais qu’une seule compagnie, la
compagnie « A », forte d’une centaine d’hommes.
Lorsqu’ils gagneront Tucson, à la fin février
1862, ils trouveront la petite ville de 3000 âmes en état
de siège. Les habitants les accueilleront en sauveurs. Très
pro-sudiste, leur milice se battait déjà depuis des
mois contre les Apaches sous le « Stars and Bars »,
que les Rangers hisseront solennellement sur la plazza, le
1er mars. Les « Rangers » resteront à
Tucson jusqu’à la mi-mai… Ephémère
présence, plus que symbolique pourtant, essentielle et très
active. Tucson était d’une grande importance stratégique.
Elle était située sur la piste qu’utilisait, avant
les hostilités, la compagnie de diligence Butterfield, chargée
aussi du courrier. Véritable cordon ombilical allant de l’Est
vers l’Ouest, c’était l’unique route à
travers cette zone encore sauvage et il fallait absolument la garder
ouverte, en empêchant les Apaches de reprendre le contrôle
absolu de la région. Les « Rangers » guetteront
aussi sur cette même route, au couchant, d’éventuels
renforts fédéraux arrivant de Californie.
Les
Arizona Rangers auront maille à partir avec les Apaches,
bien décidés à ne plus tolérer de soldats
blancs sur leurs terres ancestrales. Les accrochages seront fréquents.
Le 5 mai, les « Rangers » perdront 4 hommes, massacrés
par les Chiricahuas lors d’une expédition fourragère
prés de Dragoon Springs, au pied des Dragoon Mountains. Le
9 sera le tour des Rangers de tuer 5 guerriers rouges, au même
endroit. Bientôt, près de la précieuse source,
à l’entrée du défilé menant à
leur refuge inexpugnable, l’armée de l’Union bâtira
l’imposant Fort Bowie. Ce sera le début de l’agonie
de Cochise et de son peuple… Les « Rangers »
basés à Tucson serviront sous le commandement d’un
excellent officier, le capitaine Sherod Hunter, chassé de sa
ferme par les Apaches et ami de celui qui fut, bien d’avantage
que Sibley, le grand homme de cette aventure, le père de l’Arizona
: John R. Baylor.
Le
Fondateur
Dès
janvier 1861, anticipant sur la plus que probable sécession
du Texas, John Baylor, un ancien avocat et agent des réserves
indiennes, sécessionniste convaincu, commença à
recruter des hommes sous le couvert d’une prétendue chasse
aux bisons dans les grandes plaines, pour ce qui deviendra le 2nd
Texas Mounted Rifles, l’un des deux premiers régiments
de cavalerie du Texas confédéré. Après
que le Lone Star State ait officiellement choisi son camp,
le vieux général Twiggs, géorgien et pro-sudiste,
ayant sans trop d’états d’âme remis les propriétés
militaires fédérales entre les mains du Comité
de Salut Public du Texas, le deuxième bataillon du 2nd TMR,
sous les ordres de Baylor, fraîchement promu lieutenant-colonel,
se vit assigner sa première mission. Celle-ci consistait à
quitter San Antonio pour rejoindre Fort Bliss, près d’El
Paso, en laissant en chemin une partie de ses troupes pour constituer
l’embryon des futures garnisons des nombreux forts et camps
abandonnés par les fédéraux. Sibley, qui empruntait
la même route mais dans le sens inverse, allant de Taos à
San Antonio et de là vers Richmond, aperçut à
l’horizon la poussière soulevée par les cavaliers
de Baylor, dut se poser des questions. Il n’avait pas tort.
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Tableau
de Roy Anderson |
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Lors
du départ du bataillon vers la frontière du nord-ouest,
le colonel Van Dorn, que Richmond avait placé à
la tête du département militaire du Texas, avait
laissé toute latitude à Baylor pour s’opposer
à une possible invasion fédérale par l’ouest.
Ainsi, lorsque arrivé à Fort Bliss, à la
mi-juillet 1861, Baylor apprit que les effectifs de Fort Fillmore
au Nouveau-Mexique, la garnison de l’Union la plus proche,
était sur le point d’être renforcée,
il n’hésita pas et, le 23, il sauta la frontière.
Des informateurs lui avaient appris que les habitants de Mesilla,
la ville la plus importante du sud du territoire, à quelques
miles seulement de Fort Fillmore, avaient hissé le « Stars
and Bars » sur la grand-place… On ne pouvait
lancer plus belle invitation à Baylor et à ses 250
cavaliers, qui y furent accueillis en libérateurs, le 24
juillet.
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Premier
combat
Le Major
Lynde, qui commandait les 700 hommes du « 7th US Infantry
» à Fillmore, avait de bonnes raisons d’être
confiant dans sa supériorité numérique.
Pourtant, dès le lendemain, la confrontation tourna à
sa confusion. Sa cavalerie chargeant à l’entrée
de la ville, fut prise en enfilade par le tir des hommes de
Baylor renforcés de frontaliers du Texas et de volontaires
locaux retranchés derrière un muret en adobe,
le long de la route principale… Ce fut vite la panique.
Stampede ! Les fiers cavaliers de l’Union tournèrent
casaque, bousculant sévèrement au passage leur
propre infanterie qui suivait… Lynde n’insista pas
davantage. Il se retrancha dans le fort avec ses hommes. Passant
alors d’un excès de confiance à la déprime
la plus complète, s’étant convaincu qu’il
affrontait des forces beaucoup plus importantes que prévues,
Lynde évacua Fort Fillmore le 27 juillet, après
l’avoir incendié. Baylor et ses cavaliers lui ayant
coupé la retraite à San Augustin Pass, ses hommes
en piteux état, Lynde jeta définitivement l’éponge
et se rendit.
Lorsqu’ils
apprirent le désastre, les commandants de Fort Thorn
et Fort Stanton abandonnèrent à leur tour leurs
positions, les garnisons se repliant sur Fort Craig… Sans
l’ombre d’un Yankee jusque-là , disposant
d’une solide tête de pont, Baylor fit un retour
triomphal à Mesilla, d’où il proclama, le
1er août 1861, la naissance du nouveau « Territoire
confédéré d’Arizona »,
ouvrant ainsi la voie à sa reconnaissance par Richmond.
Il fit de Mesilla sa capitale, et, dans la foulée, se
nomma lui-même gouverneur.
Le
sabre et le sablier
Baylor avait
beaucoup accompli avec peu de moyens durant l’été
1861, alors qu’il faudrait encore de longs mois avant
que Sibley ne revienne de Richmond, n’achève son
recrutement et ses préparatifs et ne fasse franchir à
sa brigade, en plusieurs colonnes, pour ne pas risquer d’épuiser
les points d’eau, les 700 miles de San Antonio à
Fort Bliss… Un temps précieux sera ainsi perdu.
Ce n’est en effet que le 3 janvier 1862,le plus gros de
sa brigade se trouvant rassemblé, que Sibley franchit
la frontière, occupant Fort Thorn encore un mois durant,
en attendant que le reste de ses troupes le rejoigne enfin…
La prise de contact entre Baylor et Sibley, ne se passa pas
au mieux. Les deux hommes étaient naturellement rivaux.
Baylor, le sabre à la main mais toujours un œil
sur le sablier, se défiait du temps qui jouait contre
les Sudistes et Sibley lui semblait trop confiant sur ce point.
Lui même était partisan d’aller, au plus
vite et au plus court, vers la Basse-Californie et il avait
rongé son frein durant des mois, organisant la lutte
contre les Apaches, recrutant autant qu’il pouvait dans
le Territoire, réclamant vainement des renforts à
ses supérieurs pour sécuriser l’Arizona.
Il menaça même d’évacuer la région,
ce qui lui valut une querelle avec un journaliste qui l’avait
accusé de lâcheté, et qu’il tua en
duel… Certes l’envoi de Hunter vers l’ouest
avec ses Rangers, ainsi que la mission diplomatique du colonel
Reily, envoyé par Sibley auprès du gouverneur
de la Sonora, pour négocier l’accès au port
de Guaymas, servaient plutôt sa vision. Qu’aurait-il
fait s’il avait connu la nature exacte des projets de
Sibley ? Toute l’ampleur du mouvement via le Colorado,
l’Utah et le Nevada, pour finalement atteindre la Californie…
Baylor, bel et bien supplanté, dut remettre son commandement
à son supérieur, qui plus est mandaté par
Jefferson Davis, lui abandonnant ses cavaliers, pour être
relégué à des tâches administratives,
espérant que rien ne viendrait compromettre son œuvre.
La stupéfaction
passée, les fédéraux avaient eu le temps
de s’organiser sous le commandement d’un excellent
officier, le colonel Edward Canby. A Fort Craig, qui était
le prochain objectif des Sudistes, il disposait de près
de 4000 hommes dont les 2/3 recrutés dans le Territoire,
notamment l’excellent 1st New Mexico Volonteer Regiment,
du lieutenant-colonel Kit Carson, le célèbre aventurier
et éclaireur de l’armée, qui s’était
installé à Taos. La plupart de ces soldats étaient
hispaniques et détestaient les Texans. Un sentiment commun
au Nouveau-Mexique, même s’il y eut de nombreux
volontaires hispaniques dans l’armée confédérée,
comme les frères Benavidès. Canby pouvait aussi
compter sur les volontaires du Colorado, dont le gouverneur
avait décrété l’état d’urgence.
C’étaient de rudes gaillards, mineurs et frontaliers,
qui joueraient un rôle déterminant dans l’échec
brutal des sudistes…
Les
canons de Valverde
Au commencement
tout se passa bien pour Sibley. Le 7 février 1862, il
quitta Fort Thorn avec Green et Scurry, laissant Steele sur
ses arrières avec une partie de son 7th « TMR »,
et remonta la vallée du Rio Grande en longeant la rive
occidentale. Il arriva le 16 février près de Fort
Craig. Canby refusa tout d’abord le combat, se retranchant
dans le Fort que ses défenses rendraient difficiles à
prendre. Sibley se déroba. Il évita le fort en
passant sur la rive orientale le 19 février, comptant
marcher vers Albuquerque après avoir retraversé
le fleuve, un peu plus au nord, au guet de Valverde…
Canby sut
alors qu’il n’avait plus le choix. Pour ne pas voir
ses communications coupées, il devait empêcher
les Texans de passer dans son dos. Il envoya des troupes pour
leur bloquer le passage du fleuve. Le 21 février, apercevant
l’avant-garde sudiste qui s’apprêtait à
traverser de nouveau vers l’Ouest, les premiers cavaliers
fédéraux se ruèrent dans l’eau et
la repoussèrent, traversant le fleuve et prenant position
de l’autre côté, installant de l’artillerie
sur la rive occidentale. Les renforts des deux camps allaient
bientôt engager le combat. Sous une pluie d’obus,
les hommes de Scurry tentèrent vainement de reprendre
la rive, et les renforts fédéraux manquèrent
de peu de le flanquer… C’est là que se place
l’une des rares charges de lanciers ( ! ) de
la guerre. En effet, deux compagnies de la cavalerie sudiste
était armées de lances. La charge héroïque
et suicidaire – une charge en ligne ! – d’une
cinquantaine d’entre eux, façon « charge
de la brigade légère », eut pour seul effet
leur massacre sous les balles et les baïonnettes ennemies.
Seuls trois hommes y survécurent… Entre-temps Canby
avait pris personnellement le commandement des Fédéraux,
cependant qu’on the field du côté
sudiste, Green avait remplacé Sibley, malade, qui dut
être évacué vers l’arrière.
« Il est encore saoul ! », commencerait-on
de murmurer dans les rangs, car nul n’ignorait son penchant
pour la bouteille… La manœuvre de flanquement des
fédéraux ayant échoué, une de leurs
unités ayant manœuvré trop lentement, ce
fut le tour des Texans de flanquer, avec succès, leurs
ennemis et de prendre leurs canons, les artilleurs du capitaine
Mac Rae se faisant tuer sur leurs pièces que les Texans
tournèrent ensuite contre les fédéraux.
Plus tard « les canons de Valverde », les ayant
suivi dans leur retraite, seront le symbole de leur aventure
au Nouveau-Mexique.
Le
« Général Désert »
Canby préféra
décrocher pour se replier sur Fort Craig. La première
bataille de cette campagne, qui fit environ 300 victimes, morts,
blessés et disparus confondus dans les deux camps, était
certes une belle victoire pour les Texans, mais elle révéla
surtout toute la fragilité de leur situation… Durant
les combats ils avaient vu détruit une bonne partie de
leur équipement, de leur ravitaillement, beaucoup de
chevaux avaient été tués aussi, nombre
de cavaliers se retrouvant transformés en fantassins…
Comme toutes les armées en campagne, et plus encore,
compte tenu des conditions climatiques extrêmes de cette
région, la New Mexico Army dépendait
très étroitement de son approvisionnement régulier
en munitions et fournitures diverses, en vivres et , bien sûr,
en eau. Son existence était suspendue à ce fil,
qu’il soit rompu et ce serait le désastre…
Les Sudistes s’en rendaient bien compte, de même
que Canby, qui allait s’employer à gagner du temps
,et qui espérait qu’avec un peu de chance, le «
Général Désert » serait son allié
le plus précieux.
Ayant reprit
sa marche sur Albuquerque le 23 février, toujours avec
Fort Craig et Canby dans son dos, Sibley fut accroché
le 25, à Socorro, par une milice hispanique que les Texans
écrasèrent facilement avec leur artillerie. Peu
leur importait de se battre encore, ils étaient venus
au Nouveau-Mexique pour cela… C’est le ravitaillement
désormais qui était logiquement devenu leur obsession,
leur avant-garde emmenée par le Major Pyron, ramassant
en route tout ce qu’elle pouvait récolter, de gré
ou de force. Les ordres de Canby étant d’éviter
le combat et de ne rien leur laisser, les troupes fédérales
évacuèrent Albuquerque pour Santa Fé, le
1er mars, emportant avec elles dans des chariots tout ce qu’elles
pouvaient, brûlant le reste… Arrivant le matin suivant,
les Texans s’appliquèrent à sauver tout
ce qui pouvait l’être. Par chance pour eux, les
fédéraux, dans leur hâte, avaient oublié
d’incendier un de leur dépôt, à l’extérieur
de la ville. Un convoi à destination de Fort Craig, qui
passait imprudemment à proximité, fut saisi lui
aussi. Tout cela fit bien l’affaire des Texans qui continuèrent,
d’un cœur plus léger, leur progression vers
le nord. Le 4 mars les fédéraux évacuaient
Santa Fé, la capitale du Nouveau-Mexique… L’énorme
convoi, 120 chariots croulant sous le poids, escorté
par la troupe, se précipita vers Fort Union, le dernier
bastion fédéral dans le Territoire, avec le gouverneur
dans les bagages... Pourquoi Sibley ne se mit-il pas sur leurs
talons, pour exploiter ce qu’il faut bien appeler une
panique ? Toujours est-il que c’est seulement le 13 mars
que le « Stars and Bars » flotta finalement
sur Santa Fé. Le sablier, toujours le sablier…
Encore
un pas…
Après
une stupéfiante marche forcée de 400 miles,de
Denver jusqu’à Fort Union , en seulement 13 jours
, à travers la montagne et un blizzard terrible, le colonel
Slough et ses 950 Pike’s Peakers du Colorado
n’étaient pas disposés à attendre
sans rien faire que les Sudistes les attaquent. A grade égal
, mais étant plus âgé que lui, Slough prit
le commandement au colonel Paul. Contre les ordres de Canby,
il quitta le fort le 28 mars ,avec près de 1500 hommes
comprenant ses gars du Colorado, des fantassins et des cavaliers
de l’armée régulière, des miliciens
territoriaux et huit pièces d’artillerie avec leurs
servants. Il prit la vieille Santa Fé Trail,vers le sud–ouest.
C’est sur la vénérable piste que la New
Mexico Army allait rencontrer son destin, car de Santa
Fé vers Fort Union (quel symbole !) c’était
aussi, dans l’autre sens, la route des Sudistes vers l’ultime
objectif dont la réduction mettrait enfin tout le territoire
sous leur contrôle, leur ouvrant la route du Colorado,
leur fournissant, avec ses énormes stocks, tout ce dont
ils avaient besoin. Encore un pas, rien qu’un seul !…
L’après-midi
du 26 mars, au sud des Monts Sangre de Cristo, dans un défilé
appelé Glorieta Pass, l’avant-garde
de Slough – environ 400 hommes – surprit une patrouille
sudiste. L’interrogatoire des prisonniers leur apprit
que Pyron était sur le point d’atteindre l’entrée
d’Apache Canyon, à l’extrémité
ouest du défilé. Les fédéraux s’y
ruèrent aussitôt. Alors qu’ils prenaient
position, ils furent à leur tour surpris par l’arrivée
des Texans, en nombre équivalent, qui commencèrent
aussitôt à les bombarder… Mais leur chef
était un homme énergique, c’était
bien la plus grande qualité du Major John Chivington
une sorte d’intransigeant et violent prophète barbu
toujours prompt à invoquer la divine parole de colère,
plein de ressentiment contre le Sud et qui, plus tard, devait
tristement s’illustrer lors du massacre de Sand Creek
(Minnesota), à la tête du Bloody Third.
Chivington fit escalader les hauteurs à ses hommes, afin
de flanquer les Texans, ces derniers, rejoints par leurs renforts,
s’enfonçant alors plus profondément dans
le canyon pour échapper aux tirs meurtriers. Les Texans
prirent alors de nouvelles positions, suivant la tactique de
leurs ennemis, se postant sur les rochers de chaque côtés
du canyon et prenant à leur tour en enfilade leurs poursuivants.
Ne se laissant pas démonter, Chivington lança
de nouveau ses hommes vers les hauteurs, à l’assaut
des Texans, qu’ils repoussèrent peu à peu.
Au fond du canyon, les gars du Colorado chargèrent impétueusement
l’artillerie sudiste, les chevaux emportant leurs cavaliers,
glissant sur les pentes d’un fossé dont les Texans
avaient détruit la passerelle, remontant de l‘autre
côté, et dans un même élan se retrouvant
bientôt au milieu des canons, sans que rien n’ait
pu les arrêter, semant la mort parmi les servants à
coups de revolvers et de sabres… Ce fut le signal de la
retraite pour les hommes de Pyron, qui abandonnèrent
le terrain, réussissant miraculeusement à sauver
leurs canons. La lutte pris fin avec l’obscurité
qui tombait. On put bientôt secourir les blessés
et enterrer les morts. On compta cinq tués, quatorze
blessés et deux disparus du coté de l’Union,
les pertes du coté sudiste restant inconnues. Le combat
d’Apache Canyon était la première victoire
de l’Union au Nouveau-Mexique. Le vent avait commencé
de tourner…
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La
Glorieta Pass
Le
lendemain, 27 mars, même si rien ne se passa, chacun attendant
ses renforts, tout présageait une nouvelle bataille dans
les prochaines heures. Sous le commandement de Scurry (Sibley,
de nouveau « malade », était resté à
Albuquerque) les Texans, se regroupaient au Ranch Johnson, un
relais de diligence situé à l’extrémité
Ouest de Glorieta Pass. Les fédéraux quant à
eux, sous le commandement de Slough, se trouvaient à l’extrémité
Est, près d’un autre relais, le Ranch Kozlowski.
Le matin du 28 mars, les deux forces marchèrent à
la rencontre l’une de l’autre.
Scurry
avançait avec toutes ses troupes, environ un millier d’hommes
à pieds (des deux côtés on combattait « démonté »)
n’ayant laissé au Ranch Johnson qu’une petite
garde, pour veiller sur ses 80 chariots et sur le corral où
étaient parqués chevaux et mules. Slough, lui, n’avait
déjà plus qu’une partie de ses 1300 hommes.
Un bon tiers, environ 500, sous les ordres de Chivington et guidés
par des territoriaux, tentaient de couper à travers la
montagne, pour rejoindre l’ouest du défilé
et prendre les Texans à revers. |
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La
rencontre entre les deux forces principales se produisit au
milieu de Glorieta pass, près d’un troisième
relais surnommé Pigeon’s Ranch. Les Sudistes, précédés
de trois de leurs canons, qu’ils réussirent à
positionner rapidement sur une hauteur, prirent aussitôt
les fédéraux sous leur feu mortel, creusant des
trous dans les rangs des soldats de l’Union qui tenaient
courageusement leur position. Pendant que les Texans se déployaient
face à lui en ligne de bataille, Slough lança
une partie de ses hommes sur les rochers, des deux côtés
du défilé, pour tenter une manœuvre de débordement.
Sur le flanc gauche de Scurry, les hommes du Colorado semblaient
bien décidés à s’emparer des canons
qui les pilonnaient… Mais ils furent repoussés,
après un sauvage corps à corps, par une contre-attaque
sudiste. Au même moment Scurry réussissait à
flanquer la gauche fédérale, dont le centre menaçait
aussi de craquer… La pression était trop forte
et Slough décrocha vers de meilleures positions, autour
de Pigeon’s Ranch. Pendant qu’une partie des Texans
les poursuivaient, commença un duel d’artillerie
qui tourna à l’avantage des fédéraux,
ayant mieux positionné leurs pièces cette fois-ci,
réussissant même un coup au but qui détruisit
l’un des canons sudistes. Cette défaillance de
leur artillerie n’empêcha pas les hommes de Scurry
de repartir à l’assaut, encore, et encore…
A la sixième charge, au sixième échec,
les fédéraux contre-attaquant à la baïonnette,
Scurry, le visage en sang, se retira sur ses positions principales.
Le combat ne cessa pas pour autant et bientôt les Texans
réussirent une nouvelle fois à prendre en enfilade,
à partir des hauteurs, le flanc droit de Slought, qui
décrocha, encore une fois, vers l’Est de Pigeon’s
ranch, d’où il repoussa une nouvelle charge. Sanglante
et harassante répétition… La bataille faisait
ainsi rage depuis six longues heures, attaques et contres-attaques
se succédant, sans qu’aucun des deux camps ne semble
pouvoir emporter la décision finale… Finalement
c’est Slough, épuisé, mais se demandant
surtout où avait bien pu passer Chivington et ses cinq
cents gars du Colorado, qui lui avait fait cruellement défaut
durant la bataille ,qui rompit l’engagement. Ecœuré,
se sentant trahi, il donna l’ordre de la retraite générale
vers le Ranch Koslowski. Après une bataille qui avait
fait 83 morts et blessés du côté de l’Union,
ainsi que 36 tués et 60 blessés du coté
des sudistes, ces derniers restaient maîtres du terrain.
L’étrange rapidité avec laquelle ils proposèrent
une trêve ,n’attira pas l’attention de Slough
sur l’instant : tant mieux si l’on pouvait
au plus vite soigner les blessés. Ce n’est que
dans la soirée qu’il comprit tout…
Le
désastre
Plusieurs
heures après la fin des combats, Chivington et ses hommes
réapparurent finalement au ranch Koslowski. Ce qu’ils
racontèrent à leurs camarades était proprement
extraordinaire…
Ils
s’étaient tout simplement égarés
dans les méandres de l’inextricable et chaotique
wilderness montagneux. Mais cette errance avait eu
une conséquence inattendue et décisive. A la tombée
de la nuit, trouvant enfin l’extrémité ouest
du défilé, ils découvrirent alors, en contrebas,
le Ranch Jonhson et les chariots sudistes. Devant une telle
aubaine Chivington savait ce qu’il avait à faire.
Au moyen de cordes, il fit silencieusement descendre ses hommes
des hauteurs, ces derniers se saisissant alors de la garde,
ébahie… Les hommes du Colorado s’appliquèrent
alors à leur besogne de destruction, et les chariots
avec leurs précieux contenus ne furent bientôt
plus que des amas de débris fumant. Il y avait encore
les quelques 500 chevaux et mules du corral… Ils les égorgèrent
tous pour parachever le travail, avant de repartir vers le Ranch
Koslowski par le même chemin. Un courrier Texan arrivant
près du Ranch Johnson et assistant, épouvanté,
à la scène, fit demi-tour au grand galop pour
annoncer la terrible nouvelle à Scurry qui, assommé,
sut alors qu’il n’avait remporté qu’une
victoire à la Pyrrhus.
Démuni
de tout, Scurry n’avait plus d’autre choix que de
faire retraite vers Santa Fé, comme il pouvait, la plupart
de ses hommes étant désormais à pied. Slough
ne le poursuivit pas, lui et ses gars avaient eu leur compte
de combat… Ils regagnèrent Fort Union ou –
paradoxalement – Slough fut menacé de la cour martiale
pour avoir désobéi aux ordres. Il démissionna
aussitôt et rentra au Colorado, dégoûté.
Sibley rejoignit Santa Fé début avril, mais apprenant,
quelques jours plus tard, que Canby approchait d’Albuquerque,
il s’y précipita de nouveau, avec toutes ses troupes,
pour sauver les ultimes chariots de ravitaillement qui y étaient
stockés. Les fédéraux arrivant de Fort
Union purent ainsi reprendre Santa Fé sans tirer un coup
de feu et opérer rapidement leur jonction avec Canby,
au Nord-Est d’Albuquerque. Désormais réunies,
toutes les forces de l’Union au Nouveau-Mexique se préparaient
à tomber sur le dos des Texans qui, débordés,
décidèrent la retraite. Celle-ci commença
le 12 avril, la New Mexico Army longeant les deux rives
du fleuve vers le sud. Pourtant Sibley voulait encore tenter
un ultime effort et s’emparer des stocks de Fort Craig,
où Canby n’avait laissé que peu d’hommes.
Ce dernier ruina leur dernier espoir en rattrapant, le 15 avril,
les Texans rassemblés près de Peralta. Ceux-ci
s’étant retranchés dans le village, ne voulant
pas risquer un difficile combat de rue, Canby se contenta de
les bombarder. Une violente tempête de sable s’étant
déclenchée, Sibley en profita pour s’échapper
en passant sur la rive ouest…
La
retraite
Après
Peralta ce ne fut plus qu’une lente agonie. Fatigués
et démoralisés, pressés par les fédéraux
et presque à court de munitions (ils avaient dû
abandonner une partie de leur bagages dans leur fuite) les Texans
n’étaient plus en mesure de livrer bataille. Le
17 avril, Sibley décida de bifurquer vers l’ouest
et d’effectuer une large boucle, en s’éloignant
du fleuve, pour éviter Fort Craig et échapper
à Canby . Ce fut un véritable cauchemar…
Brûlés par la soif, affamés, en guenilles,
harcelés par les Apaches, totalement épuisés,
transformés en zombies, les Texans mirent une bonne semaine
pour accomplir cet atroce détour de 100 miles, à
travers les montagnes désolées de San Matéo.
La discipline fut réduite à néant, l’équipement,
les derniers chevaux, les blessés étaient abandonnés
le long de la route, personne ne relevait celui qui tombait,
chacun pour soi… Retrouvant enfin les eaux du Rio Grande
le 25 avril, les survivants y furent secourus par une patrouille
de leurs camarades du 7th TMR restés à Mesilla
sous les ordres de Steele. Sous leur escorte, ils atteignirent
la ville à la fin du mois. Des 2500 hommes qui en étaient
partis en février, il n’en restait qu’un
peu plus de 1500...
Rejoignant
Fort Bliss, ils y végétèrent encore un
mois durant, reprenant des forces, Sibley achevant de tout gâcher
en écrivant à ses supérieurs : « Le
Territoire du Nouveau–Mexique ne vaut pas le quart du
sang et de l’argent qui ont été gaspillés
pour le conquérir… », avant de rentrer
à San Antonio avec le plus gros de ses troupes, sans
se retourner. Richmond lui demanderait bientôt des comptes
sur sa conduite durant la campagne…
Baylor,
quant à lui, ne s’avoua pas vaincu. Il allait lui
aussi rejoindre San Antonio, mais afin de recruter de nouvelles
troupes pour reconquérir l’Arizona… En décembre
il aura déjà réuni 1500 des 2000 hommes
prévus pour l’Arizona Brigade, lorsque
ses efforts seront réduits à néant par
un ordre direct de Richmond, le relevant de son commandement.
En mars 1862, lassé par les Apaches et expéditif
de nature, Baylor avait donné l’ordre de les exterminer
tous, par surprise au besoin, y compris sous le couvert du drapeau
blanc… Cet ordre, qui ne fut jamais appliqué, scandalisa
Jeff Davis dont la politique était de s’allier
les Indiens. Exaspéré, pour bien faire comprendre
son point de vue, Baylor enverra aux autorités militaires
du Texas une lance indienne. Celle-ci était décorée
d’un scalp de femme blanche… Puis il s’engagera
de nouveau dans l’armée, comme simple private.
Plus tard, candidat (victorieux) au Sénat confédéré,
Baylor y intriguera pour reprendre son vieux projet en Arizona.
Il était en train d’organiser une nouvelle expédition,
lorsque la Confédération s’effondra en 1865.
Le
colonel Steele fut le dernier à quitter Mesilla. Il était
resté en arrière garde, une fois de plus, attestant
encore un peu la présence confédérée
en Arizona… Il fut rejoint le 27 mai 1862 par Hunter qui
avait du évacuer Tucson sous la pression de la California
Column, forte de 2000 hommes, qui avançait vers
l’Est. Hunter et ses « Rangers »
les avaient retardés autant que possible, les accrochant
à Stanwix Station, le 30 mars, l’engagement le
plus à l’Ouest de toute la guerre, puis à
Picacho Pass le 15 avril . Ils avaient gagné un bon mois
à leurs camarades. Mais lorsque l’avant-garde des
Californiens atteignit Fort Thorn et le Rio Grande, le 4 juillet,
chacun sut que c’était la fin. Sans nouvelle, aucun
renfort n’arrivant, à court de ravitaillement et
confrontés à l’hostilité croissante
des Hispaniques, Steele et ses hommes franchirent la frontière
le 8 juillet.1862 Les derniers sudistes à partir furent
Hunter et ses Rangers. Avec eux, les plus valeureux peut-être,
s’éloignant vers l’Est, l’Arizona confédéré
était mort, il ne restait plus rien du grand rêve
impérial.
Gloire
et poussière...
Lionel
Aimecet
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