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A
la découverte d'un grand cowboy français : George Fronval
Le
23 février 1975, George Fronval disparaissait. Les bottes au
pied et en sifflotant I'm a poor lonesome cowboy
Jacques
Garnier, dit Paul Sterling, dit Gabriel Fersen, dit Franck Murray, dit
Germain Fontenelle, dit Marc Izarra, dit Bernard Leroy (entre autres
"names in disquise"), plus connu sous le nom de George Fronval
s'éteignait dans la paix de Wakantanka. Il avait 71 ans.
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Dire
en quelques mots qui fut George Fronval est impossible.
Pour essayer de cerner ce personnage fabuleux, rappelons qu'il
fut journaliste à 18 ans, co-fondateur de Cinémonde,
collaborateur de La Vie du Rail depuis sa création, conseiller
technique d'un grand nombre de films, acteur à l'occasion
(on le vit aux côtés de Fresnay dans La Grande Illusion
), illustrateur, auteur de bandes dessinées et de près
de 800 romans dits " populaires ".
Pour rencontrer George Fronval dans son ranch de Fussey, en Bourgogne,
il fallait passer la grande prairie, s'engager dans le défilé
et émerger sur la meseta centrale. Là, derrière
le cimetière, une maison aux volets verts.
Dans la maison, une grande pièce. Au vrai : un musée.
Au mur, des dizaines de chapeaux de cowboys, des bottes, des collections
nombreuses dont une de fils barbelés... " Eh oui !
expliquait Fronval, des barbelés il y en a trois sortes
sur la prairie. " Considéré comme le meilleur
spécialiste européen du Far-West, George Fronval
était périodiquement invité a la Convention
des Western-Writers dans le sud du Texas. |
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Au
mur de la pièce-musée, un document encore : la nomination
officielle de Fronval comme marshal honoraire à Los Angeles
Corral. Dans un coin, un drôle de buffet muni d'une boîte
aux lettres : un meuble de chef de gare de l'Ouest. Une porte
pour le courrier, une porte avec les petits casiers pour les billets.
A toutes ces choses s'ajoutent encore des éperons, des
lampes à mine d'or, des fers à cheval, des mors,
des flèches...
Cowboy, George Fronval appréciait cependant plus l'aloxe-corton
bourguignon que le coca-cola... Il expliquait : " Les cowboys
mangent à l'américaine : des plats salés-sucrés.
Ce n'est pas très bon. Ils mettent sur les salades une
espèce de mayonnaise qu'ils appellent "French Dress"
et veulent se poser en inventeurs de la moutarde en 1905 ! Le
Bourguignon que je suis en frémit et s'indigne, bien sûr
! ".
Quand il ne parlait pas des cowboys, Fronval parlait des Indiens
peaux-rouges : " Ce sont des types formidables. Quand un
Indien vous a adopté il vous fait des tas de cadeaux qu'il
ne faut pas refuser sous peine de le vexer. " Fronval a consacré
un grand nombre de ses ouvrages aux Indiens. |
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Et
il était capable de raconter par le menu la vie des grands
Chefs. Son ami et complice, le dessinateur Marcellin l'a d'ailleurs
représenté sur une carte de vux des années
70 en tenue de grand Sachem.
Autre
cheval de bataille de George Fronval, le western-spaghetti :
Les Américains partent des salles de cinéma
pliés en deux de rire, après les plans de Sergio
Leone. C'est peut-être du bon cinéma, mais du mauvais
western. Les cowboys ont des allures de bandits calabrais et
les chevaux italiens ne démarrent absolument pas comme
les chevaux américains. J'aimerais bien rencontrer Sergio
Leone. Je lui demanderais ce quil pense du chianti fait
en Californie ! on s'engueulerait, mais je suis sûr qu'on
deviendrait les meilleurs amis du monde ! Le western ne peut
être qu'américain. Je me souviendrai toujours du
tournage de Dynamite Jack. Fernandel arrivait dans un indescriptible
costume de pseudo-cowboy de vitrine ; devant mon sourire, il
protesta : " C'est un vrai costume de cowboy. Il vient
de New York. "
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Fronval
avait des dizaines de projets :
Il faudrait monter un club western à Dijon. Pas du folklore,
du sérieux ! Je pourrais faire des conférences.
Et puis je possède deux films tournés en 1898 avec
Buffalo Bill. J'aimerais aussi faire une causerie à la
prison de Dijon ; je commencerais comme ça : "Je vous
propose quelques minutes d'évasion..." J'écris
pour me distraire et pour gagner de l'argent. Je vends du rêve.
Mais je ne raconte jamais d'histoire. La réalité
est trop riche en péripéties, en aventures.
Connaître
George Fronval, parler de George Fronval, se souvenir de George
Fronval, c'est faire un voyage. Un long voyage en dehors du temps
et de l'espace, là où le mythe est la simple' réalité.
Aujourd'hui George est parti en voyage. Huit fois déjà,
il était parti, et il était rentré des Etats-Unis.
La dernière fois, avec sa grosse veste à carreaux
rouges, il a bouclé ses valises pour les territoires des
Chasses Eternelles. " Bonne chasse auprès du Grand
Manitou " avait alors souhaité Jean Gras, son ami
comédien et cinéaste, " Bonne chasse "
cowboy endormi dans un petit cimetière de village, à
Fussey, en Côte-d'Or. |
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