—
Mais nous avions tellement peur de monter à la tribune
que nous en redescendions sur les mains et sur les genoux.
Des milliers de visiteurs sont venus – et du monde entier
– pour examiner cet escalier mystérieux. Parmi eux,
de très nombreux architectes. Tous ont confié qu’ils
ne comprenaient absolument pas comment l’escalier avait
été construit. Ni comment il avait pu rester en
aussi bon état après des dizaines d’années
d’utilisation.
Sœur
Florian explique encore :
« J’ai parlé de l’escalier avec monsieur
Urban C. Weidner, architecte de la région de Santa Fe et
expert en boiseries. Il m’a dit qu’il n’avait
jamais vu un escalier circulaire sur 360° qui ne soit pas
supporté par un pilier central. L’une des choses
les plus surprenantes à propos de cet escalier, c’est,
selon monsieur Weidner, la perfection des courbes des limons.
Il m’a expliqué que le bois est raccordé (en
menuiserie on dit « enté ») sur les côtés
des limons par neuf entures sur l’extérieur, et sept
sur l’intérieur. La courbure de chaque pièce
est parfaite. Comment cela a-t-il été réalisé
dans les années 1870, par un homme travaillant seul, dans
un endroit retiré, avec des outils des plus rudimentaires
? Cela n’a jamais été expliqué. »
De nombreux experts en bois ont tenté d’identifier
le bois utilisé, de deviner son origine. Sans trouver de
réponses. Les marches, inlassablement utilisées
pendant plus d’un siècle, ne présentent des
signes d’usure que sur le bord. Un de ces experts pense
avoir identifié ce bois comme « une sorte de pin
granuleux sur les bords ». Reste que ce bois au grain dur
ne vient pas du Nouveau-Mexique.
« Notre Mère la Sainte Eglise est toujours très
circonspecte lorsqu’il s’agit de juger des choses
surnaturelles. C’est pourquoi les sœurs et les prêtres
de la région de Santa-Fé ont évité,
dans le même esprit, de dire quelque chose de définitif
à propos de l’escalier. Les sœurs du collège
de Notre-Dame de Lorette savent aujourd’hui, comme le disaient
déjà sœur Madeleine et sa communauté,
que l’escalier était la réponse de saint Joseph
à leurs prières. Beaucoup se plaisent à penser
que le charpentier était saint Joseph lui-même. Pourtant,
les annales de la communauté comme les archives diocésaines
sont silencieuses sur le sujet : les annales nous apprennent cependant
que la chapelle Notre-Dame-de-Lumière a été
dédicacée le 25 avril 1878 », rappelle sœur
Florian.
Informations complémentaires
La
controverse s'alimente à trois sources au moins :
— Un livre de Mary Jean Cook. Elle attribue, au terme d'une
enquête privée et non authentifiée, la construction
de l'escalier à Jean-François Rochas à partir
de la rubrique nécrologique parue le 6 janvier 1896 dans
le journal New Mexican Santa Fe et qui, rendant
compte de la découverte du cadavre assassiné de
l'intéressé, mentionne qu'il était «
honorablement connu à Santa Fe comme expert en bois, et
qu’il avait construit le bel escalier de la chapelle de
Lorette ».
— Un article de Joe Nickel, paru dans le Magazine de
l'Enquêteur sceptique (nov.-déc. 1998), intitulé
: « La spirale vers le Ciel : l'escalier tient debout, mais
le mythe s'effondre ». Beaucoup d'explications techniques
pour étayer un raisonnement partial et assez pauvre.
— Un autre site fait mention d'un certain Oscar Hadweiber,
maître charpentier, qui, en 1965, est subjugué par
la beauté de l'escalier. Il annonce avoir trouvé
en 1970, dans le grenier de sa sœur, la preuve que son grand-père
Johan, lui aussi maître charpentier, et qui avait circulé
au Colorado et au Nouveau-Mexique à l'époque de
la construction de la chapelle de Lorette, était bien l'auteur
de l'escalier. Rien n'a été authentifié.
Et Oscar est décédé en 1980.
Le collège de Lorette a été fermé
en 1968, et la propriété a été vendue
aux enchères. Au moment de la vente en 1971, la chapelle
de Notre-Dame-de-Lumière fut retirée du culte catholique.
L'accès à la tribune a été interdit
en 1970. Non pas à cause de la vétusté de
l'escalier, mais en raison de l'application stricte des normes
de sécurité : la tribune n'avait pas d'issue de
secours…
La chapelle de Lorette est désormais un musée privé
maintenu et entretenu, en partie, pour la conservation de l'Escalier
Miraculeux et de la chapelle elle-même. Elle sert encore
aux mariages « romantiques ».
Alain Sanders
— Références : http://www.christ-roi.net
Petite chronologie
—
1622, l’église Saint-Francis de
Santa Fe est construite.
— 1812, l’ordre des Sœurs de
Lorette est fondé le 25 avril dans le Kentucky.
— 1823, le Mexique gagne son indépendance
sur l’Espagne.
— 1848, la partie sud-ouest des Etats-Unis
lui est cédée.
— 1849, le Vicariat du Nouveau-Mexique
est établi, et confié à monseigneur Jean-Baptiste
Lamy.
— 1852, les Sœurs de Lorette répondent
à l’appel de monseigneur Lamy qui demande des renforts
pour instruire ses ouailles, en envoyant six sœurs enseignantes.
— 1853, premiers bâtiments du collège.
— 1854, le collège reçoit
ses premières élèves.
— 1855, des sœurs supplémentaires
arrivent à Santa Fe.
— 1856, un troisième groupe de sœurs
arrive à Santa Fe.
— 1870-1880, construction de l’actuelle
cathédrale Saint-Francis.
— 1873, début des travaux de la
chapelle.
— 1878, fin des travaux de construction
de la chapelle.
Indications
bibliographiques
Albach,
Carl R. (1965) Miracle ou merveille de la construction ?
Réimpression à partir d’un mémoire
d’ingénieur conseil.
Bobin, Jay (1998). L’escalier, rétrospective
télévisée, The Buffalo News, 12 avril,
pp1, 24-25.
Bullock, Alice (1978), Lorette et l’escalier miraculeux,
Santa Fe, N.M., Sunstone Press.
Easley, Forrest N. (1997), Une montée d’escalier
du Ciel ? (Impression privée).
Knight, Christopher (1997) « Juste qu’elle sorte de
bois… ? » Wall Street Journal.
The Staircase (Ann Rinaldi, roman), Gulliver Books.
The Staircase. Téléfilm CBS 12/04/98. Barbara
Herschley. David Caradine.
« La Escalera de San José » in San José
Revue (Buenos Aires), 1986.
« The Mysterious Staircase of Santa Fe », in Liguorian
Revue (1979, Liguori-Missouri). |