Quand on aime on a toujours 20 ans :
Craponne, c’est le Grand Ole Au Pré !


Georges Carrier et Johnny Da Piedade

Il y aura eu deux événements au Country Rendez-Vous de Craponne cette année : Georges Carrier, habitué des casquettes, qui portait un chapeau, et la programmation exceptionnelle et très texane qui, trois jours durant, aura fait de Craponne – référence absolue et inégalée en matière de country music – un immense honky tonk (au moins 20 000 personnes !) à ciel ouvert.


Jocelyne Carrier

Parlons-en du ciel – et même du Ciel. Le jeudi, il pleuvait. Le lundi, il pleuvra. Et entre ces deux chagrins nuageux, trois jours de grand soleil. Comme si Chris Pavie (ancien festivalier et « patron » du Country Rock Festival de Berck) et Philippe Piot (artisan-bijoutier, fan de country, sponsor du festival), à la mémoire desquels ce 20e Country Rendez-Vous était dédié, avaient joué – aux côtés de Johnny Cash, June Carter Cash, Waylon Jennings et consorts – les intercesseurs.


Eddy Ray Cooper


Laurent Chenadet

 

Après le 19e Country Rendez-Vous, on s’était dit : « On ne voit pas comment Georges Carrier pourrait faire encore plus fort la prochaine fois. » Eh bien, c’est comme ça : il a encore fait plus fort. Avec une sélection qui a tout emporté. Et un festival qui – pour en avoir discuté avec eux, on peut en témoigner – a épaté les artistes américains : « L’accueil est incroyable ! La première chose que nous allons dire en rentrant au pays, c’est que Craponne c’est grand ! » Et d’abord, peut-être, parce qu’on y marie, ce que les Américains eux-mêmes ne font pas, tous les courants de la country : bluegrass, roots, tex-mex, western swing, country tradi, new country, hillbilly, rockabilly, red dirt, etc.


Cherryholmes

Certains avaient dit à Georges Carrier : « Il faudrait plus de bluegrass. » Aussitôt dit, aussitôt fait ! Il y avait trois groupes au programme (plus un au festival off : Country Saloon) : Cherryholmes (dire qu’ils ont fait un tremendous succès serait encore ne rien dire) ; Bluegrass Stuff (des Italiens chauds comme le Vésuve) ; Hickory Project (du solide bluegrass tradi).


Bluegrass Stuff

Il revenait à notre ami Eddy Ray Cooper l’honneur, lui qui avait fait le festival off l’an dernier, d’ouvrir la soirée du vendredi. Il a été à la hauteur de son talent. Et l’on a bien aimé, à intervalles réguliers pendant ces trois jours, le coup de pouce donné à Laurent Chanadet, évincé naguère de la Star Academy étrangère, comme on s’en doute, à l’univers country. Il devrait aller loin..


Hickory Project

 


Tommy Alverson

Ce même vendredi, le Lucky Tomblin Band d’Austin nous a transportés – à tous les sens du terme – dans une formidable ambiance honky tonk façon Broken Spoke (sur ce lieu mythique d’Austin, lire CMAttitude, nous en avons parlé vingt fois). Chanteur à chapeau, Texan jusqu’au bout des ongles, Trent Willmon nous a embarqués, lui, du côté du Gruene Hall, l’un des plus vieux dance halls texans à New Braunfels. Nous n’avons pas été convaincus en revanche par Stoney Larue (Texan lui aussi), mais comme certains l’ont apprécié, roule ma poule !


Trent Willmon

Lucky Tomblin Band ? Des Texans. Trent Willmon ? Un Texan. Stoney Larue ? Un Texan. Il fallait avoir le culot de Georges Carrier pour appeler la soirée du samedi, comme si on n’avait pas eu un vendredi texan, « The Texas Night » !


Stoney Larue

Mais il faut avouer que le samedi fut une pluie d’étoiles venues du Lone Star State. Les Twangbangers (formés en 2001, ils se débandèrent la même année) avaient accepté – en exclusivité mondiale et pour Craponne – de se reformer pour une seule et unique fois : qui a raté Bill Kirchen, Redd Volkaert, Dallas Wayne et Joe Goldmark, a tout raté. Et Roger Creager ? Géant ! C’est un orchestre à lui tout seul… Mais surtout Joe Ely, aux textes si puissants que j’ai eu de la peine pour ceux qui ne comprennent pas l’américain. Autre prestation à marquer d’une pierre blanche : les Derailers, nouvelle formule. On les avait vus à Craponne en 2003. Tony Villanueva les a quittés. Mais ils ont gardé le même punch et le même humour décapant.

 

Si on aimé Tommy Alverson le dimanche ? Autant demander à un aveugle s’il veut voir… Et on a pensé pour l’occasion à son pote, qui est devenu le nôtre, Gary P. Nunn. Le groupe Red Meat, c’est l’exception qui confirme la règle : ils ne viennent pas du Texas mais de Californie. Mais tendance Buck Owens. Alors… Il fallait finir sur deux légendes. Et ce fut Rhett Akins, le rebelle au grand cœur, country to the bone, et Jon Emery, le roi du Hillbilly Rock qui n’usurpe pas son titre.

Le problème avec Craponne-On-The-Brazos ? C’est qu’après ça, tout vous paraît mièvre. God Bless Texas and Georges Carrier !

Alain Sanders


The Twangbangers


Roger Creager


Joe Ely


The Derailers


La scène

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Reportage photos : S. Benichou

Le site officiel du Country Rendez-Vous de Craponne : http://www.countryrendezvous.com



Une rencontre avec un rebelle : RHETT AKINS

Il aura été un des événements – sinon l’événement – du Country Rendez-Vous de Craponne. Avec des titres comme People Like Me, That Ain’t My Truck (qui fut Top 5 Single), Kiss My Country Ass, Friday Night In Dixie, etc., Rhett Akins est un good ole rebel. Rencontre avec un chanteur auteur-compositeur qui a la Rhettneck Attitude

– Votre dernier album, « People Like Me », avec des titres comme Kiss My Country Ass, a fait du bruit, non ?

– Vous croyez ? J’ai joué ce morceau pendant un an et demi durant mes tournées et les gens l’ont aimé. Ils l’ont littéralement adoré. J’ai vendu des tonnes de démos avec des gens faisant la queue pour l’acheter avant même qu’il soit enregistré. Le travailleur moyen et le fan de country music, c’est pour eux cette chanson, ils sont de mon espèce.


 

– Quand êtes-vous arrivé, vous l’ancien joueur de football américain, natif de Valdosta, Géorgie, à Nashville ?

– En 1992. J’ai commencé à écrire des chansons et à faire des démos. Elles ont attiré l’attention de Decca en 1994. Et tout a démarré avec, notamment, un numéro 1, Don’t Get Me Started. Quand Decca a mis la clef sous la porte, j’ai décidé de retourner à la base : la route, la musique, les fans. J’aime beaucoup la scène. J’adore le live et, en ce qui me concerne, je pense qu’il n'y a pas une autorité au monde qui puisse vous dire quand vous êtes un chanteur et quand vous ne l’êtes pas. Et ça n’a rien à voir avec le fait d’être signé par un label ou pas.

– Qu’est-ce qui vous fait avancer ?

– Toute ma vie, c’est la musique, les grands espaces et mes gamins (1). Et je suis un passionné de la guerre entre les Etats [la guerre de Sécession].

 

– Il y a un titre qui touche plus intimement votre public ?

– Oui : If Heaven Wasn’t So Far Away… C’est la seule chanson que j’ai interprétée dans ma vie et sur laquelle j’ai vu les gens fondre en larmes au milieu du concert. Que ce soit dans un festival, un bar, un rodéo, les gens pleurent en l’écoutant et, après le show, quand je signe des autographes, ils viennent me dire que cette chanson c’est leur histoire.

– Vous n’êtes pas vraiment quelqu’un de « politically correct »…

– Après des années de job, je sais qui je suis et ce que je veux faire. Je ne suis pas un artiste bien lisse et bien policé. Je porte un chapeau, un T-shirt, un blue jeans déchiré, et je veux chanter de vraies chansons pour de vrais gens. Comme People Like Me.


Reportage photos : S. Benichou

 

– Vous avez aimé Craponne ?

– J’ai adoré Craponne ! Et de voir tous ces drapeaux confédérés, whaouh… Comme je l’ai dit pendant mon concert, ça fait chaud au cœur !

Country Music Attitude

(1) Rhett a une fille de 11 ans et un fils de 15 ans.

- Rhett Akins Fan Club : « The Rhettnecks », PO Box 120279, Nashville, TN 37212, USA. Phone : 615-361-9169.
- Lisa@rhettakins.com

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