Le cheval dans la BD Le cheval est la plus noble conquête de la B.D. Paradoxalement, peut-être, parce que la bande dessinée na pas osé, à quelques exceptions près, pratiquer à son égard un mauvais anthropomorphisme |
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Les membres : peu derreurs grossières mais de nombreux
cafouillages au niveau des canons, des paturons, des pieds. Les croupes
et les hanches sont trop souvent escamotées. Et les croupes "
tranchantes " ou " avalées " ne sont pas rares
: sans que lon puisse affirmer que le dessinateur ait voulu représenter,
sciemment, des chevaux défectueux... d) Le harnachement : cela va du document précis (voir, à ce propos, lextraordinaire travail de Blanc-Dumont, par exemple) au flou complet. Si les selles " western " sont bien assimilées (avec toutes leurs variantes " mexicaines "), les ennuis commencent lorsquil sagit de représenter des cavaliers de lépoque romaine, du Moyen-Age, des guerres napoléonniennes ou de la Guerre de Sécession. On navigue alors de la selle à la française à la selle darmes façon 1870 en passant par la selle à piquer matinée Danloux... Mêmes remarques pour les mors et les filets plus souvent suggérés que réellement dessinés. Dans le doute... Les martingales, elles, apparaissent au gré des inspirations. Quant aux étriers, ils " hésitent " entre le style mexicain, la mode berbère, le néo-classicisme et la pantoufle... Nommé, baptisé, le cheval se meut, galope, sexprime. Le bruit des sabots, le stampede, est généralement rendu par un très classique " Tagadamtagadam " ou un dévastateur " Bataboumbataboum ". Nous relevons, pour mémoire, le caricatural " clomp, clomp " (ex. : La tribu terrible de Gordon Bess) ou le lamentable " cataclopcataclop " (ex. : Horace in Pif spécial comique, fév. 80). Tous les auteurs sont tombés daccord pour exprimer le hénissement par un " Hiiihiihii " plus ou moins riche en H et en I (ex. : Go West de Greg et Derib). Un cheval qui tombe pourra faire " iihii " (ex. : Jingo, n°2) ; un cheval affolé " iihiii " (ex. : " Dick Spade " in Nevada, n° 377) ; un cheval qui se cabre " hhhh ! " (ex. : " Le Solitaire " in Nevada, n° 356) ; un cheval qui tombe à leau séclabousse en un bruyant " splash " ou " flash " (ex. : Ombrax, n° 147). Une diligence tirée par quatre chevaux lancés au galop passe dans un long et définitif " vvvrrrrrr " (ex. : Yuma, n° 175). Le cavalier dispose de toute une gamme de sons pour appeler et encourager son fidèle compagnon. Il y a le traditionnel " Anda " très en faveur chez les Mexicains et les Texans, le " Yaahhh ! " des cowboys, le " Yahooo ! " des Indiens peaux-rouges, le " Huehuehh ! " des conducteurs de diligences et même le " Yaar ! " dun Sudiste (ex. : Pif Gadget, n° 556). Lappel sexprime par des " Ffiiiitttt ! " ou des " Fuiiiii " savamment modulés. Parmi les grands ancêtres : Louis Forton, le créateur des Pieds Nickelés. Fils dun marchand de chevaux, Forton exerça successivement les fonctions de palefrenier, puis celle de jockey avant de finir dans la peau dun amateur éclairé de courses hippiques. Avouons-le : cette connaissance en matière déquitation apparaît peu dans les aventures des trois anars réacs où les chevaux ne sont guère flattés graphiquement. Parmi les différentes bandes dessinées où les chevaux tiennent un rôle important, il conviendrait de retenir, pour des raisons diverses : le degré de nostalgie, la valeur " historique ", la qualité du graphisme : Mickey Jockey (1935) ; Flic et Piaf (1935) de Le Rallic ; Joe Bing lintrépide (1937) de Marijac ; Les grandes aventures (70 n°s parus en zone libre entre 1940 et 1942) ; Les contes du Far-West (14 n°s parus en 1949, Ed. Elan) ; la série des Bessy du prolifique Vandersteen (et, particulièrement : LEtalon fantôme, Kim le poulain, LEtalon sacré) ; Ptit Joc ; Fulgor (les extraordinaires aventures dun cosaque, 39 n°s de 1955 à 1958) ; les Tuniques Bleues de Lambil et Cauvin ; Epoxy (1968) de Cuvelier et Van Hamme ; Graine de Jockey (1973) de Drapier, etc. Mais le grand dessinateur de chevaux, le spécialiste incontesté restera Le Rallic. Son Poncho Libertas est un modèle du genre. Après avoir fait ses classes à Saumur, Le Rallic avait réussi à se faire admettre comme officier dhonneur dans un régiment de cavalerie. Il y passait le plus clair de son temps à ripailler en chantant des refrains royalistes. Et à observer les chevaux. On lui doit des chefs duvre : Les foulards noirs, Blonde crinière, Alerte dans la prairie, La flèche du soleil, Teddy Bill, La cavalière du Texas... Autre grand du cheval dans la B.D. : Jijé. Avec ses albums consacrés à Jerry Spring, il sest affirmé comme un maître souvent mal imité. Parmi ses couvertures les plus belles : La Passe des Indiens (1957), Ford Red Stone (1960), Les Broncos du Montana (1965), Les vengeurs du Sonora (1974), Lor de personne (1975) où Jijé nhésite pas à dessiner ses héros chevauchant de face, représentation graphique fort difficile et cauchemar de nombreux dessinateurs. Dans la foulée de Le Rallic et de Jijé (à notre sens inégalés) quelques " suiveurs " talentueux. A commencer par Blanc-Dumont qui fait vivre Jonathan Cartland et soigne particulièrement les chevaux indiens. Hans Kresse créateur de la série " Les Peaux Rouges ", et Hermann (" Red dust " pour la série Commanche), méritent une mention spéciale pour la force et la puissance évocatrice de leurs dessins. Mais aussi Palacios avec Manos Kelly et Alexis Mac Coy (de très belles réminiscences de La Horde Sauvage). Buzelli avec Nevada Hill, Victor de la Fuente avec Amargo ; Jean Giraud (Gir) bien évidemment reconnu et fêté pour son héros Blueberry, un Sudiste passé aux Nordistes et Jim Cutlass, toujours sur scenarii de Charlier. Autre valeur consacrée : Derib pour les grandes hordes libres. Son dessin est parfois à la limite du réalisme et de la fantaisie. Pour sen convaincre, on comparera les chevaux de Buddy Longway (série réaliste) avec ceux de Go West (semi-réaliste) ou bien ceux de Yakari (destiné à un public plus jeune). Nous lavons dit plus avant : les locomotives de la B.D. ne baptisent plus les chevaux. Dans une certaine mesure, le cheval a perdu en personnalité ce quil a gagné, par ailleurs, en qualité graphique. Les formats à litalienne (Kiwi, Rodéo, Mustang, Les Routes de lOuest) continuent à perpétuer, bien heureusement, de saines traditions. Dernière remarque : à quelques exceptions près (Ptit Joc, Graine de Jockey) peu de B.D. se sont vraiment penchées sur le monde des courses ou les spécialités équestres. A une exception de taille : Polo-Story (Bédésup) dAlain Sanders et Chard. |
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