Adam Dollard des Ormeaux Souvenir : à Montréal, Canada français |
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Enfermés
dans l'étroite enceinte, mal protégés par les poteaux
de bois dont la plupart étaient pourris et tremblaient sous la
pesée de la main, les assiégés et leurs alliés
repoussèrent les assauts des Iroquois. Ils souffraient cruellement
de la soif, car ils n'avaient aucune provision d'eau. Ils n'avaient
point de pain, point de viande, et la farine qu'ils essayaient d'avaler
ne passait point leur gorge. Le cinquième jour, au plus fort
d'une attaque, tous les Hurons alliés, à l'exception de
leur chef, abandonnent les Français, sautent par-dessus la palissade,
et se mêlent aux Iroquois, qui les ont appelés et leur
ont promis la vie sauve. Les héros de la France n'eussent pas
été perdus si l'ennemi n'avait ainsi connu leur nombre.
Ils ne sont que dix-sept, disent les traîtres. Et les Iroquois
qui hésitaient reprennent courage et reviennent à l'assaut.
Ils se précipitent contre la porte, l'enfoncent, pénètrent
dans l'enceinte et, un moment arrêtés par les Français
qui, n'ayant plus de poudre et plus de balles, se défendent à
coups de crosse, ils finissent par abattre le dernier des compagnons
d'Adam Dollard. Les sauvages avaient perdu trois cents de leurs guerriers. Et leur effroi fut si grand, qu'ils renoncèrent à poursuivre leur expédition, et qu'ils s'en retournèrent à la chasse, sans plus menacer Québec, Trois-Rivières et Ville-Marie. "Comment pourrions-nous vaincre les soldats blancs, disaient-ils, s'ils ressemblent aux dix-sept qui ont combattu cinq jours dans le fort du Long Saut ?" Quelques hommes, dévoués jusqu'à la mort, avaient donc sauvé tout un peuple. Ils étaient de notre race, ils étaient de notre foi, ils ses sacrifiaient pour la France d'Amérique, il ils demandaient de la gloire. La gloire leur est acquise, et ceux qui portent aujourd'hui le nom de ces jeunes gens sont nobles à jamais, dans toutes les âmes. Voici le récit de la fête qui a eu lieu à Montréal, -- la grande ville bâtie sur l'emplacement de Ville-Marie, -- pour honorer le 250e anniversaire du combat. Ce jour-là, le 29 mai 1910, la place d'armes était décorée de drapeaux. Une foule ardente, fière du passé, confiante dans l'avenir, libre, sous la tutelle anglaise, de parler et de penser à la manière de France, enveloppait le monument éleva à la mémoire du gouverneur de Maisonneuve. Les Anglais eux-mêmes, bien qu'ils ne fussent pas à une fête de famille, avaient envoyé une couronne avec cette inscription : "Hommage des Anglais". Ils s'y connaissaient en bravoure, ayant prouvé la leur et souffert de la nôtre. Le 65e bataillon, composé de Canadiens-Français, en grande tenue, formait la haie, au pied de la statue. Au fond de la vaste place, on vit s'ouvrir le portail de Notre-Dame, et toute une foule nouvelle vint se joindre à celle qui attendait. L'archevêque prit place dans une tribune. Tout le monde était debout. Alors, le capitaine Barré, du 65e, s'avança jusqu'auprès du piedéstal du monument, où est représentée, en bas-relief, la belle mort des dix-sept enfants de Ville-Marie. D'une voix forte, il appela : — Adam Dollard des Ormeaux ? Et il y eut un grand silence sur la place. Après une minute, une voix, sortie des rangs des soldats, répondit : — Mort au champ d'honneur ! Les clairons sonnèrent, et les tambours battirent. Les hommes présentèrent les armes. Le capitaine reprit l'appel : — Jacques Brassier ? Jean Tavernier ? Nicolas Tillemont ? Laurent Hébert ? Alonie de l'Estres ? Nicolas Josselin ? Quand il eut nommé les seize compagnons, la voix qui lui répondait dit : — Tous morts au champ d'honneur ! Les mots s'en allèrent à travers la grande place, comme le vent et la pluie que chacun reçoit. Es clairons sonnèrent de nouveau. Il y eut des milliers de cœurs qui frémirent d'émotion ; il y en eut beaucoup qui prièrent ; il y eut des hommes qui pleurèrent, parce que la vraie gloire est une amitié de nos âmes. |
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