Dixie : un régiment français dans l'armée confédérée !

Le 1er Bataillon de Zouaves de Louisiane
d'Eric Vieux de Morzadec

 

Ancien officier parachutiste de carrière, Eric Vieux de Morzadec est membre de l'Association des Fils de combattants de la Confédération. A ce titre, il s'applique à corriger en France – et il y a du boulot ! – la doxa habituelle sur les « gentils Nordistes » et les « méchants Sudistes ».

Avec son essai, Le 1er Bataillon de Zouaves de Louisiane, il raconte l'histoire peu connue – pour ne pas dire inconnue chez nous – de ce régiment de l'armée confédérée composée de soldats français ou d'origine française. A l'origine de cette initiative, la famille Coppens, originaire du Nord de la France et de Belgique.

Inutile de dire que les gaillards de ce bataillon, parfois franchouillards jusqu'à la caricature, n'hésitant jamais à en remettre une couche pour affoler les oreilles prudes et les ligues de vertu, ne passaient pas inaperçus lors de leurs déplacements.

On va d'abord les regarder comme de nonchalants Créoles, de drôles de Français avec de drôles d'uniformes français (le pantalon bouffant des Zouaves), commandés par de drôles d 'officiers français adeptes du drill à la française. Ils viennent de la sulfureuse Nouvelle-Orléans, vous pensez...

Ils chantent Dixie, certes, mais avec un accent à couper au couteau, et un chant bizarre rapporté d'Afrique, ce Panpan l'Arbi aux paroles adaptées à la situation.

Par exemple : « Sous le soleil brûlant de l'Algérie » est devenu « Sous le soleil brûlant de notre beau Dixie »...

Mais, dès les premiers combats, on va les regarder d'un autre œil. Ils sont braves. Et plus encore : héroïques. De la bataille des Sept Jours à celle de Chancellorsville en passant par le carnage d'Antietam, ils seront à tous ces rendez-vous de l'histoire.

Dans les rangs de l'armée confédérée, 28 unités de Zouaves seront constituées. Mais la première unité de ce type officiellement levée est celle des frères Coppens. Georges, deuxième de cette fratrie de quatre garçons, est allé en demander l'onction au président des États confédérés, Jefferson Davis. Il l'aura. C'est son frère, Gustave, doté d’un brevet de lieutenant-colonel, qui prendra le commandement du bataillon.

Les Zouaves, dès la campagne de la péninsule de la Virginie, installent leurs réputation de troupes d'élites. Le reste peut s’égrener au rythme des batailles qui sont autant de jalons d'une guerre sans merci : Williamsburg, Seven Pines, Fair Oaks, bataille des Sept Jours, Second Manassas, Antietam, etc. Beaucoup de victoires, mais aussi des défaites, hélas. Et des pertes irremplaçables côté sudiste (à la différence des Yankees qui ont un vivier inépuisable de chair à canon).

En 1864, eu égard à la faiblesse – 12 officiers, 41 hommes – des effectifs, le général Lee dissout le bataillon. Les Zouaves survivants poursuivront le combat jusqu'au bout, au sein d'autres unités. Notamment dans les rangs de l'armée de l'irréductible Joseph Johnston.

Les Zouaves auront été à la hauteur de ce que dirent d'eux les journaux de Richmond, la capitale confédérée, quand ils furent constitués : « On compte dans cette unité environ 200 vétérans français. Beaucoup, parmi les officiers et les sous-officiers, ont été cadres dans l'armée françaises, dont ils portent l'uniforme. Les commandements sont donnés en français et le maniement d’armes est très exactement celui des troupes de ligne françaises. Plaignons les Yankees qui auront à les affronter et qui devront les combattre corps-à-corps, car les Zouaves sont des virtuoses de la lame d'acier ».

Des braves à quatre poils comme on disait jadis. Certains, après avoir combattu en Italie, en Afrique du Nord, en Crimée, et contre les Yankees, viendront se battre contre les Prussiens en 1870. Ce sera le cas du lieutenant-colonel Alfred de Coppens (son frère, le colonel Gaston de Coppens est mort à Antietam) qui servira en France sous les ordres d'un ancien général confédéré, le général de division Camille de Polignac.

Il est bien d'avoir ramené ces soldats oubliés à notre mémoire et à notre affection.

Alain Sanders

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