Xavier Debray (1818-1895),

« le Murat de la Confédération »

Des Français aux côtés des Sudistes

 

Le général Kirby qui, avec le général Nathan Bedford Forrest, a été l'un des meilleurs officiers de la cavalerie sudiste, a dit du général Xavier Debray : « Cet officier exceptionnel fut le Murat de la Confédération ».

Xavier Blanchard Debray est né en 1818 en Alsace, à Sélestat. Ayant intégré Saint-Cyr, il n'en terminera pas le cursus pour des raisons de santé. Imprudent et un brin exalté, il va participer au coup d’État mal fagoté de Louis-Napoléon Bonaparte. Il devra s'exiler outre-Atlantique pour échapper, comme ce sera le cas pour Badinguet, à la prison. Installé à San Antonio, Texas, en 1852, il crée un journal en langue espagnol, El Bejarrefio («  le référent de Bejar » : San Antonio de Bejar est le nom mexicain de la ville). Un succès relatif qui le conduit à se fixer à Austin où il ouvre – et pour le coup avec un réel succès – une école de langues.

Devenu une personnalité de la scène politique texane, on le retrouve, quand éclate la guerre entre les États, lieutenant au 4e régiment d'infanterie du Texas et membre de l'état-major du gouverneur texan Edward Clark. Il va vite prendre du galon au gré des événements : en août 1861, il est major au 2e régiment d'infanterie du Texas ; en décembre, il est nommé lieutenant-colonel et il prend le commandement du 26e régiment de cavalerie du Texas ; en mars 1862, il est nommé colonel de ce même régiment (Debray est un cavalier, pas un pousse-caillou).

En octobre 1862, les Fédéraux occupent Galveston. Privant ainsi les Sudistes d'un port vital pour assurer notamment l'exportation du coton vers le Mexique. Il faut donc reprendre la ville à tout prix. Les Confédérés mettent sur pied une offensive navale dans la baie de Galveston et un raid terrestre – emmené par Debray – contre Virginia Point. Pertes énormes des deux côtés, mais les Texans ont repris leur port sur le golfe du Mexique.

Le 30 mars 1863, Debray est nommé brigadier-général et chargé du commandement militaire du Texas sud-est. A ce poste, il endiguera toutes les offensives nordistes, notamment à l'embouchure du Rio Grande où une tentative de débarquement se soldera par une déroute des Unionistes.

Mais les attaques ne cessent pas, les Fédéraux voulant occuper l'est du Texas pour couper en deux l’État, précieux pourvoyeur en armes et en vivres des autres États confédérés. Debray et ses rough riders n'ont pas de répit : campagne de la Red River, bataille de Pleasant Hill (une boucherie), Shrevreport, etc. A Wilson's Farm, Debray mène une charge d'anthologie qui laissera 2 400 Yankees sur le carreau. Un fait d'armes ainsi salué par le général Thomas Green : « Debray a mené une charge héroïque à la tête de ses cavaliers, enfonçant les lignes de l'Union, dans un élan digne de la furia francese. »

Le reste pourrait s’écrire en une suite de coups de mains audacieux, d'attaques hit and run, d'affrontements sanglants. Le récit de la bataille de Pleasant Hill (9 avril 1864) mériterait à lui seul plusieurs livres (ils existent d'ailleurs...). Son cheval tué sous lui, Debray ne devra d'échapper aux Nordistes qu'à l'audace de ses soldats venus le récupérer sous le feu de l'ennemi. Le temps de souffler (il a été légèrement blessé à la jambe), il remonte à cheval et parachève la défaite nordiste. Au lendemain de la bataille, il est nommé général de brigade (ajoutant son nom à celui des douze autres généraux confédérés français ou d'origine française.

Le 28 mai 1864, le général Debray sera de la bataille de Monet's Bluff, chargeant aux côtés d'un autre général français confédéré de légende, le prince Camille de Polignac. Une histoire de centaures...

Après la reddition du général Lee à Appomattox (8 avril 1865), Debray s'occupera personnellement de démobiliser ses hommes à Houston. Devant les troupes d'occupation (qui présentent les armes), il va tenir un discours digne d'un Texan de vieille souche, ne manquant pas d'évoquer Alamo (une défaite suivie bientôt par la victoire et la revanche de San Jacinto) et prêchant pour que se perpétue une fraternité sudiste forgée dans l'épreuve.

A Austin, Debray relancera son école de langues et aura un statut officiel d'interprète – français, espagnol, anglais – auprès du Land Office texan. Son cœur de soldat s'arrêtera de battre en janvier 1895. Au terme d'un long périple qui l'avait conduit de son Alsace natale jusque dans ce Texas, Deep in the Heart of Texas, devenu son inaliénable patrie.

Alain Sanders

 

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