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Willie
Nelson à Paris ! |
Après son triomphe au Grand Rex le 16 mai 2008 à Paris, Willie Nelson était de retour dans la capitale (mais pas la capitale de la country, hélas…) ce 26 juin à l’Olympia. Un rendez-vous qu’il ne fallait manquer sous aucun prétexte, bien évidemment. Aujourd’hui plus que septuagénaire, Willie Nelson continue d’en remontrer aux petits jeunes. Preuve vivante, s’il en était encore besoin de la pérennité et – osons le mot – de l’éternité de la real thing. Pendant
près de deux heures, il a égrené, pour le bonheur
d’un public très nombreux de fans absolus, ses plus grands
morceaux, plus quelques-uns de son dernier album, Country Music,
dont le toujours jeune Pistol Packin’ Mama. |
Il y a chez cet homme une sorte de génie qui fait que tout ce qu’il touche – et même sa version de Nuages – prend une autre dimension. Bonheur, aussi, de voir la salle reprendre au refrain Beer For My Horses, Will The Circle Be Unbroken ou I’ll Fly Away. Avec lui, on n’est pas dans la country approximative, la country pop, la so called new country ou les dégoulinades quasi variétoches que l’on essaie de nous vendre pour de la country, mais au cœur même de la plus belle musique du monde. Le tout souligné par des musiciens talentueux et une batterie minimaliste qui nous change des grosses canonnades qui écrasent les chanteurs. La batterie – au moins en ce qui concerne la country – n'est pas là pour tout écraser (ce qui est moindre mal quand il s’agit de paroles insipides) mais pour souligner la voix du chanteur et magnifier des textes qui relèvent plus de la poésie que de la simple chansonnette. Bonheur encore quand, à la fin de son show, il est venu au bord de la scène serrer des mains et signer des autographes en toute simplicité. Comme toutes les grandes stars de la country, il n’a pas besoin de barrières pour le tenir loin du public ou d’un service de sécurité pour maintenir ce public à l’écart. C’est ce qui fait toute la différence entre les grands et les nains de la pop qui ont tendance à se la péter… |
Bonheur toujours de retrouver ce twang qui fait que l’on est country ou qu’on ne l’est pas. Et le cœur chavire, comme il y a déjà des lustres, quand il chante On The Road Again, Crazy ou You’re Always On My Mind. Nous sommes là aux antipodes de la line dance, cette plaie qui phagocyte en France la country music. Il y a d’ailleurs un signe qui ne trompe pas : on pouvait compter sur les doigts de la main gauche d’un manchot les line dancers ce soir-là. C’est sûr qu’il fallait payer sa place et que pour les marathoniens de la danse habitués à venir dans les soirées « country » avec leur serviette et leur bouteille d’eau (acheter ne serait-ce qu’une simple bière, vous n’y pensez pas…), c’est impensable. Willie a eu droit bien sûr à une longue standing ovation et il a fallu du temps pour que l’Olympia se vide tant il est vrai que le silence qui suit du Willie Nelson c’est encore du Willie Nelson… On était tout simplement bien, là tous ensemble, communiant à une même admiration – et les mots affection, voire dévotion ne seraient pas trop fort – pour ce survivor que rien, ni l’âge ni les modes ne sauraient ébranler. Johnny Cash et Waylon Jennings ont rejoint le honky tonk des anges. Willie Nelson – et Jerry Lee Lewis – est là, solide au poste, fidèle et pro tout à la fois. Certains, qui le découvraient pour la première fois, pensaient venir entendre une légende. Ils ont découvert une icône. Et leur vie – comme la nôtre naguère – en sera changée à tout jamais. A.S. |
Photos : Patricia Damelincourt et René Moreau |
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