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Toby
Keith nous a quittés |
Étoile – une star ! – de la country music, Toby Keith est parti rejoindre le honky tonk des anges. Il n'avait que 62 ans. Il a été emporté par le « Big C » (comme disait John Wayne qui en fut victime). Né en 1961 à Clinton, Oklahoma, Toby Keith nous lègue 19 albums studio, deux albums de Noël, cinq albums de compilation. Avec des titres qui ont explosé les meilleurs places des charts (et pas seulement country). Il nous laisse aussi, lui qui a chanté avec nos préférés, notamment Willie Nelson (l'incontournable Beer for My Horses), Merle Haggard, Alan Jackson, etc. le souvenir d'un patriote de l'espèce amoureuse. Il se sera infatigablement et régulièrement produit et mobilisé, et parfois en prenant de vrais risques, pour les troupes américaines déployées sur le théâtre des opérations extérieures. En 2005, il confiait : — J'irai chanter pour nos soldats chaque année. J'ai visité les hôpitaux et j'ai pu voir la détermination des blessés. Si vous leur demandez ce qu'ils souhaitent , ils vous répondent : « Sortez-moi de là, je veux remonter en ligne avec ma compagnie. |
Je le répète toujours aux gens : si vous voulez comprendre comment cela se passe, demandez aux soldats. Deux de ses titres (il a écrit et composé toutes ses chansons) nous semblent bien résumer ce qu'on pourrait appeler la philosophie redneck : Honky Tonk University et I Love this Bar. Le premier, Honky Tonk University, est biographique. Toby Keith évoque le night club de sa grand-mère sur la route Arkansas-Oklahoma où, jeune ado, il passait ses vacances pour donner un coup de main et, à l'occasion, essayer de glisser ses compositions. Et puis il a bossé sur les derricks (« Je suis un ouvrier du pétrole et j'en suis fier »), n'oubliant jamais sa guitare et ses chansons, se produisant partout où l'on voulait bien de lui (« De New York à Pasadena »). Diplômé ? Oui : « Je suis un diplômé patriote de l'Université Honky Tonk ! » Le second titre, I Love this Bar, est justement un hymne aux honky tonks et aux clients qui en sont l'âme, la mémoire et l'histoire. Le temps d'une chanson, c'est tout un monde enraciné qui défile dans ce bar où l'on vient « comme on est », un grand sourire aux lèvres, mélange de rednecks, de truckers, de vétérans, de pochetrons, de grandes gueules, de belles filles (qui pourraient être des movie stars), sur fond de real thing (la vraie country), de bagarres, de bière et de grands drapeaux sur les murs. Les titres des chansons de Toby Maverick Keith sonnent souvent comme des manifestes : Courtesy of the Red, White and Blue (The Angry American), I Wanna Talk About Me, American Soldier, How Do You Like Me Now ?, Shoul've Been a Cowboy, Made in America, le poignant Don't Let the Old Man In (écrit en 2018 pour le film de Clint Eastwood, The Mule), etc. Hostile aux crânes d’œufs – et le mot est faible – et à la soupe nashvilienne, Toby Keith avait choisi de vivre et de travailler dans son Oklahoma natal, n'assistant que rarement aux remises de prix. On rappellera que c'est sur le label qu'il avait créé (pour échapper à Nashville justement) que Taylor Swift, alors authentiquement country avant de trahir, démarra sa carrière (et elle lui a rendu un bel hommage). Le lendemain de la mort de Toby Keith, de nombreux journaux US ont titré : « Sans lui, il n'y aurait pas eu de Taylor Swift ». Trente ans de carrière. Trente ans de fidélités. Un courage exemplaire jusqu'au bout malgré la terrible échéance annoncée. L'an dernier, pourtant très affaibli, il s'était produit aux People's Choice County Awards 2003. Il avait alors reçu le Country Icon Award. Une icône, certes, mais plus encore un homme debout. Que la terre lui soit douce et le Ciel accueillant. Alain Sanders |
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