On connaît surtout James Lee Burke comme l’auteur prolifique de la série mettant en scène Dave Robicheaux (dernier paru : L’Arc-en-ciel de verre) et une autre série, un peu moins « nourrie » en nombre de titres, « Billy Bob Holland ». Ce qui ne l’empêche pas, de temps à autre, de s’offrir des petites récrés avec des héros non récurrents.

C’est le cas avec Texas Forever. L’action commence dans un pénitencier de Louisiane, le long du Mississippi, au nord de Baton Rouge. Un pénitencier tenu par des matons un brin sadique et notamment deux frangins d’ascendance française.

Parmi les prisonniers Son Holland et Hugh Allison. Qui vont réussir à s’évader en tuant un des deux frangins. Hugh Allison a un lourd passé. Son Holland est tombé – il en a pris pour dix ans – pour un vol dont il a été accusé à tort.

Traqués par un groupe emmené par le frère du gardien tué, les deux hommes partent pour une longue cavale. Direction le Texas où, en principe, ils peuvent échapper à la loi américaine. Le Texas, en ébullition contre le dictateur Santa Anna, appartient encore au Mexique.

Son et Hugh traversent la rivière Sabine en empruntant un bac manœuvré par un passeur franc comme un âne qui recule. Commence alors un périple plein d’embûches.

Une première étape dans un camp de Choctaws, voleurs de chevaux pour le compte de l’armée mexicaine. Ils y font la connaissance d’une jeune Tonkawa désormais attachée à leur service. Ce qui enchante le jeune Hugh, qui la trouve à son goût, mais désole Son qui n’est pas fana des Indiens qu’il appelle des « Nègres rouges »…

Les Choctaws, en butte aux mauvaises manières des Mexicains, embarquent les deux évadés dans une opération de récupération de quelques montures. Cela ne se passe trop bien, mais Son et Hugh peuvent prélever quelques chevaux pour leur usage personnel. Désormais, outre les matons du pénitencier, ils ont sur le râble les Indiens et les Mexicains.

Pour Son Holland, une seule solution : retrouver Jim Bowie qu’il a naguère connu à La Nouvelle Orléans et qui réside à San Antonio de Bexar d’où les insurgés – les Texians – ont chassé les Mexicains.

A Gonzales, sur les bords de La Guadalupe, ils tombent sur l’armée de Sam Houston. Ils n’ont d’autre choix que celui de s’engager en signant le formulaire officiel : « Texas Forever. Nous jurons de nous rallier au drapeau contre l’usurpateur du Sud et contre tous ceux qui bafouent les droits de homes libres. Avec notre courage et notre foi en Dieu, nous nous battrons jusqu’à ce que ceux qui violent nos maisons et nos terres soient chassés à jamais du sol de notre République. L’abnégation avec laquelle nous servirons notre cause sera la preuve de sa justesse. Notre liberté et celle de notre pays demeureront ou nous périrons en les défendant ».

Ils ne seront pas – heureusement pour eux – de l’affaire du siège d’Alamo. Mais ils seront à la bataille de San Jacinto qui va sceller l’indépendance du Texas. Ils y gagneront, comme les autres insurgés, 260 hectares de terre. Et une nouvelle vie. Les fils de Son combattront plus tard dans les rangs de l’armée sudiste. Hugh, quant à lui, retrouvera son Indienne et repartira vers de nouvelles aventures. Une ode au Texas éternel Texas Forever !

Alain Sanders

- Payot/Rivages