André Pousse (1919-2005)

La légende des cycles...

 

Incontestable grande gueule, André Pousse avait aussi ce qu'on appelle tout simplement une « gueule ». Né à Paris (son père, comme le mien, avait été commissaire de police, ce qui nous avait rapprochés dans les souvenirs genre « j'balance pas, j'raconte »), il se définissait d'abord comme un sportif. Et non sans raisons. Une carrière commencée en 1939 dans le vélo avec les « juniors » et continuée, car il était doué, comme cycliste professionnel de 1942 à 1949.

Pistard talentueux, il sera le roi – jamais découronné – des courses de six jours, à commencer par la plus prestigieuse, celle du Vel d'Hiv'. Quand ce vélodrome sera détruit, en 1959, le record du tour établi par André Pousse et jamais battu restera à jamais inscrit dans la légende.

A 30 ans, il décide de passer à autre chose. Son prestige de vainqueur des Six-Jours, à une époque où le Tout-Paris s'y pressait, lui a valu un carnet d'adresses dont il se sert pour devenir l'agent de vedettes de la chanson. Dont Joséphine Baker et excusez du peu, Édith Piaf avec laquelle il aura une liaison amoureuse un peu tumultueuse...

En ce temps-là, Paris reste encore une fête. Surtout la nuit. André Pousse est un des personnages incontournables de ce Paris qui vibrionne : directeur artistique du Moulin Rouge, programmateur de L'Olympia et de Bobino, patron de la bientôt légendaire Locomotive, rendez-vous de tous les yéyés.

C'est d'ailleurs dans un film yéyé, D'où viens-tu Johnny (1963), qu'il fait son entrée dans le cinéma. Son rôle ? Celui d'un truand, bien sûr. A partir de là, celui qui avait failli tourner voyou (et pas de cinéma) du temps qu'il traînait aux États-Unis avec un certain « Johnny » ( en fait un Jean très franchouillard refroidi par on ne sait trop qui) va enchaîner les films. Une trentaine au total.

Avec des grands : Michel Audiard (qui avait plus que l’amitié pour Pousse : du respect), Henri Verneuil, Georges Lautner. Et quelques autres moindres seigneurs. Autant de belles réussites dont Le Pacha, Flic Story, Le Clan des Siciliens, Le Drapeau noir flotte sur la marmite, Quelques messieurs trop tranquilles (adapté d'un polar de notre ADG), etc.

André Pousse sera aussi le propriétaire du restaurant le Napoléon Chaix, dans le XVe, où nous sommes encore quelques-uns à garder le souvenir à jamais gravé de dégagements dantesques et de conversations où nous refaisions le monde (mais ça, c'est encore une autre histoire).

En 2005, alors qu'il est au volant de sa voiture dans le Var, André Pousse est victime d'un terrible accident provoqué par l'attaque d'une guêpe ! Pourtant secouru... dard-dard, celui que ses amis appelaient « Dédé » ne survivra hélas pas à ses blessures. Et il partira rejoindre ses potes de goguette au paradis de la France de Michel Audiard.

Outre ses films (et de nombreux rôles à la télé), André Pousse nous a laissé trois livres gouleyants : Touchez pas aux souvenirs (Robert Laffont, 1989), Histoires sur le pouce (Le Rocher, 2001), J'balance pas, j'raconte (Pré-aux-Clercs, 2005). Toute la noblesse de l'aristocratie de la rue.

Alain Sanders

Photo : Alain Sanders et André Pousse : « Remettez-nous ça ! »

 

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