Pour quelques polars de plus

Les loups de Wotan de Jean-Michel Conrad

et

Mort d'une bougie de Valérie Valeix

 

Après Le Dernier Sablier, où il nous avait embarqués dans les tribulations de cinq vieux de la vieille, Jean-Michel Conrad signe, avec Les Loups de Wotan (Godefroy de Bouillon), son septième polar.

Ancien commandant des stups – notamment –, Jean-Michel Conrad (dont la belle devise est : « Espérer le meilleur, se préparer au pire ») surfe, comme il le fait volontiers dans ses romans, entre hier et aujourd'hui, entre le passé proche et le présent du « subjectif ». C'est ainsi que le périple sanglant des Loups de Wotan a commencé vingt ans plus tôt. Des semeurs de haine qui avaient enlevé Peter Kercher, le fils d'un riche industriel allemand. La rançon avait été versée, mais les ravisseurs se préparaient à assassiner quand même leur victime, avant d'en être empêchés in extremis par un raid policier.

Vingt ans plus tard, Peter Kercher est retrouvé massacré – une macabre mise en scène à la clef – dans un appartement de Metz. Chargé de l'enquête, Raoul-Victor de la Goutte (« RV » pour ses hommes), patron du groupe de répression du banditisme de l'antenne PJ de Metz, ne tarde pas à établir le profil du défunt. Connu pour son homosexualité, Peter Kercher a pu être victime d'une sordide affaire de mœurs. Sauf que RV trouve l'explication un peu trop téléphonée.

Alors il cherche ailleurs. Cette histoire d'enlèvement par une bande de Teutons méchants comme des teignes, ça lui cause...

D'autant que le chef de la meute wotanesque s'est échappé de prison et qu'il a pu rameuter ses rombiers pour se venger et terminer le travail inachevé quatre lustres auparavant...

Une fois de plus, Jean-Michel Conrad met le paquet. Et on a du mal à lâcher le fil avant le mot « fin ». Mon petit regret, c'est qu'il ait donné à des salopards l'appellation « loup ».J'ai une telle admiration pour cet animal que j'aurais préféré : « Les Hyènes de Wotan »... Petit hic : un des polars de Conrad, daté de 2017, s'appelle déjà Les Hyènes. Dont acte...

Enquête apicole

Nous avons déjà eu l'occasion de saluer Valérie Valeix. Apicultrice (son miel est un pur régal), spécialiste de l'apithérapie (soins grâce aux produits de la rûche), elle a par ailleurs créé le personnage d'Audrey qui est, à ma connaissance, le premier détective apicole.

Après Échec à la Reine, La Fumée du Diable, Confession d'un pot de miel, Abeilles, crimes et champagne, Dix petits frelons (qui se passe en partie à Giverny), tous polars publiés aux éditions du Palémon, elle revient avec Mort d'une bougie. Avec ce culot d'avoir enrôlé, pour mener l'enquête aux côtés d'Audrey, une personne de la « vraie vie », une « figure » de la Maison Poulaga, l'ancienne commissaire Danielle Thiéry (près de quarante ans à la Police nationale).

Envoyée à Paris par le magazine L'Abeille de France (que je vous recommande puisque l'occasion s'en présente : c'est passionnant) pour faire un reportage sur la vénérable institution « Cire Marie », Audrey pose ses bagages dans une chambre d'hôtes de Saint-Germain-des-Prés, à une encablure de la très chic maison de bougies parfumées. Pour l'accompagner, le fidèle Lebel, un gendarme à la retraite, bon vivant, mais qui sait aussi faire jouer son appartenance à la franc-maçonnerie (ce qui, hélas, est un mal plus que fréquent chez les gendarmes).

Se rendant au rendez-vous fixé par le directeur de « Cire Marie », Serge Gagnon, Audrey découvre ce dernier dans son bureau, étouffé par un sac en papier (siglé « Cire Marie » quand même...).

 

Ce qui est déjà assez rock'n'roll. Mais ça le devient encore plus quand, le lendemain, on découvre un jeune travesti brésilien dans le congélateur de la maison de campagne normande de Serge Gagnon. Une histoire à finir aux travelos forcés...

Audrey et l'ex-commissaire Danielle Thiéry, chargées par le procureur de seconder dans son enquête le commandant Ségur des Sections de recherches de la gendarmerie (oui, je sais, c'est improbable, mais avec Valérie Valeix tout est possible), vont se confronter à des malfaisants d'anthologie... Mais, comme à l’habitude, l'apicultrice de choc refile... dard-dard le bourdon aux méchants.

Alain Sanders.

 

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