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Benjamin Whitmer : Pike Noir, c'est noir... |
Si vous pensez avoir lu, jadis et naguère, et même plus récemment, des romans « noirs », oubliez tout ! A la lecture de Pike, de Benjamin Whitmer, vous vous rendrez compte qu’en comparaison ce n’était que d’aimables bluettes… Un mot de Benjamin Whitmer. Né en 1972, il a vécu dans l’Ohio et l’Etat de New York avant de se fixer, en famille, dans le Colorado. Pike, son premier roman, a été salué par une critique unanime. « Dans Pike, les mots ne se contentent pas de vous raconter une histoire, ils hurlent, ils saignent, ils prennent feu », écrit Nathan Singer. « L’écriture est exceptionnelle, du début à la fin », note Charlie Stella. Et encore Stephen Graham Jones : « Voici le noir dans toute sa splendeur, ce que le genre devient quand il renonce à se montrer gentil – une force dramatique brutale rongée jusqu’à l’os, qui vous promène de page en page. » Qui vous promène, c’est beaucoup dire… Car ce roman vous empoigne pour ne plus vous lâcher et vous embarquer dans une « promenade » dégoulinante de sueur, de sang, de sperme. Il n’y a pas de « bons » dans cette histoire. Tous les protagonistes sont pourris et comme conçus pour se pourrir encore plus à chacun de leurs actes. Pike, c’est Douglas Pike, un ancien truand de la pire espèce, rangé des voitures et revenu à Cincinnati, sa ville natale, où il survit grâce à cent combines foireuses concoctées avec son pote, le jeune Rory. Lequel, dans ce cloaque, a encore quelque espoir de ne pas plonger dans le mal absolu. |
Le jour où sa fille, Sarah, qu’il n’a plus vue depuis des lustres, meurt d’une overdose, Pike « hérite » de la fille de cette dernière, une gamine déboussolée âgée de 12 ans. Ce n’est pas un cadeau pour ce grand-père improbable : une fillette sale, aux cheveux noirs, prénommée Wendy, mais rien à voir avec la douce et blonde Wendy qui fait fondre le cœur de Peter Pan… Comme si cela ne suffisait pas à son bonheur, Pike va bientôt devoir affronter un flic pourrave comme une teigne, Derrick Krieger, qui manifeste un intérêt pour le moins malsain à l’égard de la fillette. Commence alors un chassé-croisé entre les deux hommes, dans un Cincinnati côté joints pour drogués et squats de junkies ramenés à l’état de zombies. Et ça flingue à tout va, ça meurt comme qui respire, ça baigne dans un univers sordide et sanglant. Les seuls moments où l’on respire un peu, c’est en écoutant quelques morceaux de country music qui, même si elle n’adoucit pas les mœurs en l’occurrence, donne une sorte de normalité provisoire à l’anormalité ambiante. Le grand-père est une ordure ? Oui. Mais, comparé à Derrick, c’est presque un papy aimant… Alain Sanders - Gallmeister |
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