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La Grande Dépression Josephine Johnson Novembre |
En 1935, le prix Pulitzer était attribué à une toute jeune fille, âgée de 24 ans, Josephine Johnson. Pour son premier roman, Novembre (titre original : Now in November), aujourd'hui réédité par Belfond dans sa belle collection « Vintage ». Née en 1910 à Kirkwood, Missouri, Josephine Johnson fréquenta la Washington University à St. Louis. Sans y décrocher de diplômes. Alors, un peu comme Rimbaud écrivant Une saison en enfer dans le grenier de la ferme familiale à La Roche, elle commence l'écriture de Novembre dans le grenier de la maison de sa mère à Webster Groves, Missouri. Elle écrira par la suite des nouvelles, des poèmes, un livre pour enfants, des mémoires, trois autres romans. Sans jamais retrouver le succès de Novembre. En
1942, elle épouse Grant G. Cannon, rédacteur en chef d'une
revue agricole, Farm Quaterly. Le couple aura trois enfants :
Terence, Ann, Carol. Après des déménagements à
Iowa City, Hamilton County, Cincinnati, la famille s'installe loin des
villes, à Clermont County (c'est là qu'elle écrira
The Inland Island en 1969). Novembre raconte une année dans la vie des Haldmarne, une famille de la middle class ruinée pendant la Grande Dépression (voir Les Raisins de la colère). Leur espoir de s'en sortir en exploitant une ferme du Midwest va vite s'envoler. |
Car rien ne sera épargné à cette famille – et à cette fratrie de trois sœurs : sécheresse, incendies dévastateurs, tempêtes de sable, récoltes dérisoires, etc. L'arrivée des Haldmarne sur une terre qui appartient à la famille depuis la guerre de sécession, mais qui a été laissée à l'abandon, n'est guère différente de la quête des pionniers qui, au siècle précédent, partaient vers la terre promise. On voyage en chariot. La mère assise en silence. Le père, Arnold, qui n'a rien de ce qu'il faut pour faire un fermier. La jeune narratrice, Margot, une des trois sœurs, note : « Nous quittions un monde mal agencé et embrouillé, qui maugréait contre lui-même, pour arriver dans un monde non moins dur, non moins prêt à contrecarrer son homme et à le rejeter, mais qui tout au moins lui donnait quelque chose en retour ». Quelque chose, peut-être, mais vraiment pas grand chose... Avec ses sœurs, Merle et Kerrin, Margot veut néanmoins croire qu'une nouvelle vie est possible. Et meilleure, bien sûr, sinon à quoi bon être partis comme des romanichels après avoir tout vendu, la voiture, la maison, les meubles et jusqu'aux livres qui avaient accompagné trois générations... Une année de malheurs et de chagrins. Non pas une, mais quatre saisons en enfer. Des hivers trop froids, des étés trop chauds. La folie qui guette et la mort en embuscade. Un récit qui ne sombre jamais dans le misérabilisme ou la victimisation. Chez ces gens-là, on naît, on souffre, on prie, on meurt. Sans se plaindre jamais. Alain Sanders – Belfond, collection « Vintage » |
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