Nous avons déjà eu l'occasion de saluer le talent de Christina Baker Kline pour son précédent ouvrage, Le Train des orphelins (Belfond, 2015), mise en musique romancée d'une histoire vraie dans la saga familiale de son mari.

Avec Le Monde de Christina (Belfond), ladite Christina n'étant pas elle, mais Christina Olson, égérie d'un des plus grands peintres américains, Andrew Wyeth, c'est encore une histoire vraie qu'elle tricote avec passion.

Paralysée depuis l'enfance, Christina Olson vivait dans la ferme familiale sur la côte du Maine. Pour rêver et s'évader un peu, car elle ne sort que très rarement, elle n'a que cette pièce emplie de coquillages exotiques et de menus trésors rapportés jadis par ses aventureux ancêtres de marins.

Un jour, un jeune couple vient s'installer près de la ferme des Olson. Le jeune peintre Andrew Wyeth et sa toute aussi jeune fiancée, Betty. Entre Christina, âgée de 46 ans, oubliée du monde et des êtres, et le couple, va s'installer une vraie relation d'amitié. Touché par la beauté intérieure de Christina, Wyeth lui propose de devenir son modèle. Elle refuse d'abord : un modèle, elle et son pauvre corps brisé, c'est une plaisanterie ? Andrew et Betty sauront la convaincre de tenter l'aventure.

Le résultat, vous le connaissez (si ce n'est le cas allez voir sur internet la reproduction du tableau) : Le Monde de Christina, un chef d’œuvre, une toile référence de l'histoire de la peinture américaine du XXe siècle. On peut l'admirer au Museum of Modern Art de New York.

Au Farnsworth Museum de Rockland, Maine, un bâtiment entier est consacré à l’œuvre des trois Wyeth, tous peintres. A savoir le père, N. C. Wyeth, son fils, Andrew, le plus célèbre des trois, et le fils d'Andrew, Jamie. Il y a des familles sur lesquelles, les dieux se penchent plus volontiers...

Alain Sanders

– Belfond