Le roman de Lionel Shriver, Les Mandible, est sous-titré : « Une famille, 2029-2047 ». Signalons d'abord que le prénom « Lionel », qui n’est donné qu'à des hommes en France, peut-être donné à des femmes outre-Atlantique. C'est le cas pour Lionel Shriver née en 1957 en Caroline du Nord.

Chez Belfond, elle a publié déjà plusieurs romans, dont Il faut qu'on parle de Kevin (2006), La Double Vie d'Irina (2009), Double Faute (2010), Tout ça pour quoi (2014).

Le New York Times résume son dernier roman, de la politique-fiction, en ces termes : « Nous ne sommes qu'à douze ans du futur tel que nous le présente Lionel Shriver... Son nouveau roman, satirique et ébouriffant d'intelligence est, certes, classique en ceci qu'il sert de véhicule à une enquête politique et sociale, mais n'en reste pas moins extrêmement troublant ».

En 2029, les États-Unis ne vont pas bien. Notamment parce que des catastrophes écologiques ont mis le pays à genou. Le dollar a décroché. La Banque centrale ne peut plus produire assez de billets verts.

Pour ses rivaux, en revanche, ça baigne. Sur les marchés internationaux, une devise sino-russe a remplacé le dollar moribond. Et Poutine – eh, oui, il est toujours là – se frotte les mains genre « Je suis le maître du monde ! »

Les Mandible, famille d'Américains de la middle class aisée, essaient de survivre au chaos. Les rayonnages des super-marchés sont vides, le prix des denrées alimentaires (quand on en trouve) ont explosé. La viande est devenue rare. L'eau est rationnée.

Le président américain n'a plus d'autre choix que de déclarer le pays en faillite. Avec des conséquences dramatiques pour la population. Salaires et pensions sont gelés, l'or des particuliers est réquisitionné, il n'y a plus d'argent, on est à la limite de l'extrême pauvreté.

Unis dans la tempête, les Mandible s'efforcent de tenir bon et de conserver leur dignité. Dans le pays, la colère gronde, la révolte se répand, l'anarchie s'installe, la révolution pointe son nez. Retour à l'âge de pierre...

De la politique-fiction ? Pas sûr. L'avenir n'est écrit nulle part et le pire est toujours possible. Le Financial Times écrit : « Lionel Shriver a bâti sa réputation sur sa capacité à s'attaquer de front aux thèmes les plus brûlants ; ici, les conséquences de l'effondrement économique. Situé dans un futur très proche, le roman décrit les tourments des Mandible, autrefois prospères, et leur chute inexorable dans la misère, la délinquance et la prostitution ».

Un roman qui fait froid dans le dos. Même si, pour l'heure, les États-Unis ont un taux de chômage à nous faire rêver...

Alain Sanders

– Belfond