La country music en deuil

Kitty Wells a rejoint le honky tonks des anges

 

C’est une grande dame, une Country Queen, qui nous a quittés. Kitty Wells (1), née à Nashville le 30 août 1919, a rejoint le honky tonk des anges. Elle avait 93 ans. Et elle avait ouvert la voie (sinon la voix) – même si deux autres « légendes » l’avaient précédée, Patsy Montana et Molly O’Day – à Patsy Cline, Wanda Jackson, Dolly Parton, Tammy Wynette, Loretta Lynn. Elle avait été élue au Country Hall of Fame en 1976.

A 15 ans, elle joue de la guitare et chante du white gospel dans le chœur de son église. En 1936, hôte de la radio de Nashville WSIX, elle rencontre Johnny Whright (du duo Johnny and Jack) et l’épouse deux ans plus tard. Le duo va ainsi devenir un trio accompagné par The Tennessee Mountain Boys. En 1947, Johnny, Jack et Kitty sont invités au Grand Ole Opry de Nashville. Ce sont dès lors des vedettes qui feront les beaux jours du rival du Grand Ole Opry, le Louisiana Hayride de Shevreport.

En 1952, Kitty connaît un hit avec It Wasn’t God Who Made Honky Tonk Angels (“Ce n’est pas Dieu qui a créé les anges des honky tonks”). Qui répondait en fait à une chanson un brin machiste de Hank Thompson, Wild Side Of Life. Hank Thompson, à partir de ses propres déboires conjugaux, y fustigeait les femmes des honky tonks (ces bars où l’on trouve de la bière, des petits cigares noirs, de la bonne musique et des jolies filles). Il disait : « Je ne savais pas que c’était Dieu qui avait créés les anges des honky tonks ». Elle lui répondit (paroles de J. D. Miller) : « Ce n’est pas Dieu qui a créé les anges de honky tonks, mais les hommes infidèles qui, oubliant trop souvent qu’ils sont mariés, se comportent comme s’ils étaient célibataires. »

Au long de sa carrière, elle aura une grosse soixantaine de hits : de Paying For That Back Street Affair à You Don’t Hear en passant par We Made A Mistake, Making Believe, Mommy For A Day, I Don’t Claim To Be An Angel; etc. Succès aussi pour ses duos avec Johnny Whright, Roy Drusky, Red Foley, Webb Pierce.

On va sans doute lire, ici et là, que Kitty Wells relevait d’une veine « féministe ». Tu parles, Charles… Kitty est resté mariée à Johnny Whright jusqu’à la mort de ce dernier en 2011. Et, comme Johnny Cash avait très vite rejoint June Carter, elle n’a guère tardé – Stand By Your Man (« Colle à ton homme ») – à suivre son époux. Et elle sera « conservatrice » jusque dans son habillement toute sa vie. Aucune revendication « féministe » chez elle, mais le souci de dire leur quatre vérités aux hommes oublieux de leur épouse et de leurs devoirs familiaux.

Malgré un passage un peu country pop à une époque (elle lui fut imposée par les requins de Nashville), elle aura été l’essence même et la quintessence du style honky tonk, une Hillbilly pur sucre.

 

On écoute toujours avec la même émotion ses albums gospel.En 1969, elle aavit formé avec son mari, leur fils, Bobby Whright, et des membres de la famille, le Kitty Wells / Johnny Whright Family Show. A écouter (pour la mieux connaître), le coffret Queen Of Country Music (1949-1958). A Dieu, Madame, vous étiez une Lady.

A.S.

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(1) De son vrai nom, Muriel Deason. Son pseudo avait été emprunté à une chanson « old time », Sweet Kitty Wells.

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