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John D. Loudermilk Le roi des songwriters |
Il fut le propre interprète de ses chansons. Et non des moindres. Mais il avait coutume de dire qu'il était beaucoup plus heureux de les entendre chantées par d’autres. Né
à Durham, Caroline du Nord, en 1934, John D. Loudermilk venait
d'une famille très religieuse, des membres de l'Armée
du Salut (ses parents avaient perdu leur maison et tous leurs pauvres
biens pendant la Grande Dépression et l'Armée du Salut
les avaient accueillis et... gardés). Son père aurait
aimé qu'il devînt preacher. Il préférera
apprendre à jouer de la guitare. Et d'abord parce qu'il n'y a
rien tant qu'il aime que la musique. A commencer par le hillbilly
qu'il découvre l'oreille collée au poste de radio familial
pour capter le Grand Ole Opry. Il écoute aussi –
mais ça, ses parents aiment moins – les stations qui diffusent
du rhythm & blues, avec de temps à autre des incursions
vers la musique classique. Il dira un jour : |
Chez les Loudermilk, on aime la musique : ses cousins, Ira et Charlie Louderrmilk, feront carrière – et quelle carrière – sous le nom des légendaires Louvin Brothers. En 1956, il écrit un poème, A Rose and a Baby Ruth, qu'il met en musique. La radio locale où il est employé l'invite à chanter sa chanson sur les ondes. Il ne se fait pas prier. Le morceau obtient un petit succès local. Il se trouve que A Rose and a Baby Ruth est écouté par le directeur du label Colonial, Orville Campbell. Il propose à Loudermilk de l’enregistrer. Mais le jeune homme part à ce moment faire son temps au sein de la Garde nationale, ce qui ne lui laisse pas le loisir de faire l'artiste, au moins pas dans l'immédiat. Alors Orville Campbell fait enregistrer le morceau à un petit jeune en qui il croit, George Hamilton IV (qui connaîtra plus tard un immense succès avec un autre morceau de Loudermilk, Abilene). A Rose and a Baby Ruth fait un carton : le Top Ten et plus d'un million d'exemplaires vendus. Pour Loudermilk, c'est le début de la gloire et le pactole qui va avec (avec les royalties de A Rose and a Baby Ruth, il va pouvoir acheter une maison à ses parents). Revenu de son service dans la Garde nationale, il enregistre, pour Colonial, le morceau qui l'installera définitivement dans la cour des grands : Sittin' In the Balcony. Interprété précédemment par Eddie Cochran, ce même morceau, signé Loudermilk, avait été classé dans le Top 20. Pour l'accompagner, il fonde un groupe, les Blue Notes. Parmi les musiciens, un certain Joe Tanner qui sera, plus tard, le guitariste de Roy Orbison (la guitare tintinnabulante que vous entendez sur Oh Pretty Woman, c'est Joe tanner). Loudermilk enregistre pendant toute l'année 1957 et, en 1958, il part en tournée avec Carl Smith, Eddy Arnold et Perry Como. Il chante son répertoire. Mais aussi des dizaines d'autres chanteurs et chanteuses reprennent ses créations comme Susie's House, This Cold War With You, Angela Jones, God Will (adopté par Johnny Cash), le mythique Tobacco Road, The Red Headed Stranger (que Willie Nelson portera au sommet dix-sept ans plus tard), etc. Installé à Nashville à partir de 1959, il ne cesse d'écrire et d'aligner les hits, que ce soit dans la pop ou la country : You Take the Table (and I'll Take the Chairs) pour Bob Gallion ; Grin and Bear It pour Jimmy C. Newman ; Boo Boo Stick Beat pour Chet Atkins ; Amigo's Guitar pour Kitty Wells ; Half Breed pour Ricky Nelson ; Weep No More My Baby pour Brenda Lee ; Why Not pour les Everly Brothers ; etc. Fin 1959, Chet Atkins invite John D. à venir travailler avec lui chez RCA où il est reçu comme le messie. En 1961, nouvelle série de succès avec des interprètes talentueux : de Sue Thomson à Connie Francis en passant par Bobby Vee, Mark Dinning, les Everly Brothers, les Chordettes, Johnny Ferguson, les Browns, Little Jimmy Dickens, Jimmy Bell, Johnny Duncan, etc. Un de ses morceaux, Midnight Bus, qui n'a pas eu de succès aux États-Unis, est hissé au sommet du hit parade australien par la jeune Aussie Betty McQuade. Traité pour un cancer, John D. Loudermilk, l'homme aux mille chansons, meurt d'une crise cardiaque en 2016, dans sa maison de Christiana, Tennessee. Alain Sanders |
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