Glendon Swarthout : Homesman

Une chevauchée avec le diable...

 

Abonné aux best-sellers, et notamment rayon romans westerners, Glendon Swarthout (1918-1992) est aussi abonné aux adaptations desdits romans au cinéma. Pas moins de sept d’entre eux, dont le dernier en date, Homesman.

Paru aux Etats-Unis en 1988, ce roman très rude a tenté Tommy Lee Jones qui nous en a donné une remarquable adaptation. Homesman faisait partie de la sélection officielle du 67e festival de Cannes mais, comme ce n’est pas un film tendance, ethnique, cradingue, il n’avait bien sûr aucune chance…

Je me rappelle avoir lu ce livre en 1992, mais sous le titre Le Chariot des Damnées (paru aux Presses de la Cité). Les Editions Gallmeister en proposent une belle réédition qui a cet avantage, outre le fait d’avoir conservé le titre original (1) du livre, de bénéficier d’une nouvelle et solide traduction de Laura Derajinski.

Homesman, c’est un mot créé par Glendon Swarthout pour désigner un homme chargé de ramener des femmes ayant perdu la raison dans les sauvageries de l’Ouest. Soit dans leur parentèle restée à l’Est, soit dans des asiles prévus à cet effet.

Pour rester fidèle au néologisme voulu par l’auteur, la traductrice a choisi – et elle a eu raison – de créer un néologisme équivalent en français : rapatrieur.

Dans les grandes plaines du Nebraska, la vie est difficile pour des hommes pourtant bâtis à chaux et à sable.

Elle l’est encore plus pour les femmes, isolées de tout, soumises aux pires conditions de vie, aux maladies, à la mort de leurs enfants, à la misère physique et morale.

Mary Bee Cudy est une exception. Ancienne institutrice, désespérant de trouver un mari (elle a 31 ans), elle a réussi à s’imposer dans cet univers, assurant seule le travail du ranch.

Le jour où l’une de ses voisines (“voisinage” relatif, on n’est jamais à moins de dix kilomètres de son “voisin” le plus proche), Theoline Belknap, perd la raison (elle est mariée à une crevure et a deux petites filles), Mary Bee décide d’organiser, avec l’appui du pasteur, son “rapatriement”. Et, du même coup, celui de trois autres jeunes femmes qui ont sombré elles aussi dans la démence.

Comme le mari de Theoline, qui a été tiré au sort pour être le rapatrieur, se déballonne, Mary Bee se porte volontaire à sa place. Pour un voyage à hauts risques de plusieurs semaines à travers des terres hostiles (et des Indiens, et des maraudeurs, et des trappeurs qui ne le sont pas moins).

Sachant qu’elle ne pourra assumer seule une telle expédition, elle s’attache les services d’un ruffian de sac et de corde qu’elle a arraché in extremis à la corde, justement, pour l’accompagner dans ce périple. Avec quatre folles qu’il faut tenir entravées dans le fourgon qui les emportent vers l’Iowa. Sous la protection supposée d’un homme sans foi ni loi, sans feu ni lieu. Des semaines de galère…

Homesman est devenu, comme l’écrit The Michigan Journal, un classique, “un roman que vous aurez du mal à reposer et qui, une fois terminé, sera difficile à oublier”.

Vous voulez que je vous dise ? A lire l’histoire de ces pionniers qui ont façonné – à quel prix, à quelles conditions – l’Amérique, on se dit que, quoi qu’en pense les dévots du “politiquement correct”, ils ne l’ont pas volé ce pays… Et même qu’ils l’ont largement mérité.

Alain Sanders

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(1) Le titre original complet est : The Homesman.

 

 

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