Pour ce livre, republié aujourd'hui dans la collection Vintage de Belfond, William Kennedy reçut le National Book Award en 1983 et le Pulitzer en 1984. Les cinéphiles se souviennent peut-être que L'Herbe de fer, roman dont l'action se situe après la Grande Dépression, a été adopté au cinéma en 1987 par Hector Babenco, avec Meryl Streep et Jack Nicholson, sous le titre : L'Herbe de fer : la force du destin.

William Kennedy a grandi à Albany, État de New York (et capitale de l’État). C'est une ville pour laquelle il a gardé une grande affection, au point de lui consacrer un gros livre en 1983, O Albany ! L'action du roman se situe donc à Albany, ville gangrenée par les gangsters et la corruption pendant la Prohibition, où nous suivons le retour de Francis Phelan, un hobo plutôt porté sur la boutanche. Naguère, il a abandonné femme et enfants pour aller courir les routes, en quête de quelques sous (qu'il s'empressait de boire). Dire qu'il est bien accueilli à Albany serait beaucoup dire... Car même les fantômes du passé lui tombent sur le râble...

Pour ceux qui voudraient se pencher plus sur l’œuvre de William Kennedy, on indiquera que ce Francis est le père d'un autre lascar, Billy Phelan, voyou roublard et maluche de la politique locale. Nous avions fait sa connaissance dans un roman qui porte son nom : Billy Phelan (publié en 1990 chez Belfond).

Traductrice – et excellente traductrice – de L'Herbe de fer (titre original : Ironweed, nom d'une fleur appartenant à la famille des tournesols), .

Marie-Claire Pasquier indique : « Comme Leopold Blum dans la ville de Dublin, c’est dans une ville bien réelle que se promènent, si on peut dire qu'ils s'y promènent, les héros de L'Herbe de fer ».

Rappelons que Leopold Bloom est le héros d'Ulysse, le chef d’œuvre de James Joyce. Si l'on ajoute à ce rapprochement élogieux le fait que des critiques ont comparé le style de William Kennedy à ceux de Fitzgerald et de Beckett, on devine que ce Kennedy (de belle souche irlandaise comme Joyce, Fitzgerald et Beckett, d'ailleurs) est d'ores et déjà considéré comme une des grands noms de la littérature nord-américaine.

Alain Sanders

– Belfond