Dans les méandres des bayous de Louisiane

Les fantômes de Louisiane

de James Lee Burke

 

Belle initiative des éditions Payot & Rivages que d'avoir réédité, dans sa collection "Rivages/ Noir", trois enquêtes de Dave Robicheaux, le héros récurent de James Lee Burke, sous le titre « Les Fantômes de Louisiane » : La Pluie de néon, Prisonniers du ciel, Black Cherry Blues. A savoir les trois premiers romans d'une série désormais culte.

Cela fait maintenant des années – et une vingtaine de romans – que nous suivons Dave Robicheaux rencontré dans sa première aventure donc, La Pluie de néon. A l'époque, il était lieutenant de police à La Nouvelle-Orléans et il luttait – déjà – contre ses vieux démons. Son équipier à la Criminelle, Cletus Purcel, ancien du Vietnam, comme lui, toujours armé comme un porte-avions, bataillait – déjà – contre les kilos en trop.

On sait, si on est un adepte de cette saga louisianaise, que Robicheaux et son podna (« partenaire » en cajun) vont connaître bien des bouleversements dans leurs vies cabossées (et, pour celle de Cletus, imbibée) au cours des années. Mais pas question de vous en dire plus si vous découvrez Dave Robicheaux, alias Belle-Mèche, grâce à ces trois premières aventures, initiatrices en quelque sorte. D'autant que quelque chose me dit que Rivages/Noir ne va pas en rester là dans la réédition des enquêtes du policier le plus cajun de Louisiane.

Ce que je peux vous dire, en revanche, c'est que mon préféré, dans la vingtaine de titres parus, est le sixième de la série, Dans la brume électrique avec les soldats confédérés.

Tavernier en a fait une adaptation cinématographique assez moyenne malgré la présence de Tommy Lee Jones dans le rôle de Robicheaux.

En deux mots, aussi, un aperçu des thèmes de ces trois titres constitutifs de la saga. Dans La Pluie de néon (roman salué dès sa parution par un expert ès-littérature, James Crumley), Dave Robicheaux reçoit la confidence d'un condamné à mort qui, avant de passer sur la chaise électrique, révèle au policier que sa tête a été mise à prix par des Colombiens mal intentionnés...

Dans Prisonniers du ciel, tout commence avec le crash d'un petit bimoteur dans les bayous. A son bord, deux clandestines salvadoriennes, un prêtre, l'homme de main d'un caïd de La Nouvelle-Orléans, et une petite fille qui a survécu à la tragédie.
Alors là, tant pis, je vous le dis : Dave sauve la gamine et l'adopte. Au fil des romans, on la verra grandir, cette Alafair et son raton-laveur, Tripod (parce qu'il n'a que trois pattes). Dans les dernières aventures, où elle a pris une part grandissante, c'est devenu une belle jeune femme qui fait bien du souci à son père... A noter que la fille de James Lee Burke, dans la vraie vie, se prénomme Alafair. Elle est auteur de polars. Elle en a co-signé de très réussis avec la reine du thriller, Mary Higgins Clark.

Dans Black Cherry Blues, un important gisement de gaz naturel est découvert sous la réserve des Indiens Blackfeet (les Pieds-Noirs de nos westerns). Un gisement estimé, ce qui aiguise les appétits des compagnies de forage, à plusieurs millions de dollars. Les opposants à une exploitation tubuluresque, qui défigurerait la beauté naturelle – au sens fort du terme – de la Louisiane, sont abattus les uns après les autres. Dave Robicheaux va mener l'enquête avec la force tranquille d'un char d'assaut...

Souvent comparé à l'un des plus grands écrivains nord-américains, William Faulkner (encore que ça ne veuille pas dire grand chose), James Lee Burke nous donne à aimer toujours plus la Louisiane (mais aussi le Texas avec son autre série « Clan Holland »). Par-delà les clichés qui caricaturent cet État atypique e(comme le Texas d'ailleurs). A lire et à déguster avec un verre de mint julep, une grosse portion de crawfish pimentée comme l'enfer, et le zydéco de Clarence Carlow qui nous dit de ne pas lâcher la patate et de laisser le bon temps rouler (« bon ton roula » en cajun)...

Alain Sanders

 

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