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S. Craig Zahler : Exécutions à Victory |
Le jour où Jules Bettinger, inspecteur afro-américain (comme on dit aujourd’hui) en fonction en Arizona, n’est pas assez diplomate avec un homme d’affaires fragile et que cet homme d’affaires se suicide, il ne sait pas – mais il ne va pas tarder à l’apprendre durement – qu’il vient d’ouvrir les portes de l’Enfer… Marié à la douce et talentueuse (elle peint et a un certain succès) Alyssa, père de deux enfants, Gordon et Karen, il se retrouve muté – c’est ça ou il rend sa plaque – dans le nord du Missouri. En plein hiver, ce qui n’est déjà pas rien pour cet habitué de l’Arizona, mais en plus dans une ville abandonnée des hommes et de Dieu, Victory. Une ville où l’on compte sept cents criminels pour un policier. Loger sa famille dans ce bled sorti d’un film d’horreur ? Il n’y songe pas une seconde. Il met donc les siens à l’abri – du moins le croit-il – à Stoneburg, une ville située à quelque 120 km de Victory. Et il fait tous les jours l’aller-retour. Ses collègues, Dominic William, un grand Black un peu bas de plafond, Perry, un Irlandais teigneux, Huan, un Asiatique qui ne l’est pas moins, Dan Stanley et Gianetto, qui fonctionnent en duo, vivent – survivent – à Victory comme en territoire ennemi. Ce qui ne contribue guère à les rendre tendres et amicaux. Le chef du commissariat, le capitaine Zwolinski, fan de boxe et bâti comme un gorille, gère son équipe en lui laissant la bride sur le cou pour traiter radicalement la racaille locale. |
Bellinger n’est en poste que depuis quelques jours quand des tueurs flinguent à tout va des policiers (à commencer par Stanley et Gianetto) qu’ils attirent dans des guets-apens. Ils ne se contentent pas de les tuer froidement : ils les torturent et les émasculent. Quand une fliquette tombe entre leurs pattes, ils lui arrachent les ovaires… Bellinger ne tarde guère à comprendre que ces criminels sont commandités par un certain Sébastien, une crapule infâme, envoyé à l’hôpital – et dans un sale état – par Dominic et Perry. Sorti de l’hôpital par ses complices, Sébastien se cache dans la ville et compte les morts. Il y a donc urgence à le retrouver et à le mettre hors d’état de nuire. Dans cette ville, qui ferait passer la série des Mad Max et des Massacres à la tronçonneuse pour des bluettes pour jeunes filles pubères, la traque est lancée. Au milieu des détritus, des immondices, des cadavres de pigeons frappés par on ne sait quelle épidémie, et dans des quartiers qui portent de jolis noms comme La Chiote et Shitopia. En plus de ces « vengeurs » qui déquillent à tout va, il faut enquêter sur la mort de jeunes prostituées massacrées et violées post mortem. Par une bande de Blacks aux rituels particuliers : « C’est ce qu’un jeune négro doit faire pour entrer chez les Angels et prouver sa loyauté. Choper une pute d’un réseau adverse, la tuer se filmer en train de sauter le cadavre – en montrant son visage et en disant son nom devant la caméra pendant qu’il le fait ». La famille de Bellinger sera bientôt rattrapée par les tueurs. Sa femme y perdra un œil et son fils y laissera la vie. A partir de là, Bellinger, flic plutôt walk the line jusque-là, n’a qu’une obsession : retrouver Sébastien et lui faire payer de la manière la plus cruelle possible ses agissements. La revue Variety écrit de S. Craig Zahler : « C’est une voix originale qui prend à bras le corps les éléments du roman noir ». C’est peu dire ! Il les torture, il les dissèque, il les explose dans un cauchemar qui n’épargne rien ni personne. Attention : on ne sort pas forcément intact d’une telle lecture… Alain Sanders –
Editions Gallmeister. |
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