Dick Rivers nous a quittés

So long, Louisiana Man...

 

Dick Rivers qui, à la différence de certains, suivez mon regard, ne sacrifia jamais rien de sa rockabilly attitude aux modes passagères (il ne se déguisa pas en hippy lui, ou en crooner ventripotent à quatre balles), nous a quittés sur un dernier pied de nez. Il est parti le jour de son anniversaire. Il avait 74 ans.

Tout a commencé à Nice le 24 avril 1945. Hervé Forneri, qui deviendra plus tard Dick Rivers (du nom – approximatif : Dick au lieu de Deke – du personnage joué par Elvis dans Loving You), découvre la country et le rockabilly en fréquentant la base US de Villefranche-sur-Mer (1945-1966). Il n'en sortira plus.

Fin 1960, avec son groupe, les Chats sauvages (référence aux wild cats du rockabilly), il enregistre un super 45T chez Pathé-Marconi. C'est un succès qui ira grandissant avec l'emblématique Twist à Saint-Tropez, C'est pas sérieux) (adapté d'un morceau de Cliff Richard et les Shadows), Est-ce que tu le sais ? (adapté du What'd I Say de Ray Charles, ces jeunes matous n'ont peur de rien)), etc.

Après une grande année de bons et loyaux services, le groupe se déchire – c'est un classique du genre – et, en septembre 1962, Dick entame une carrière solo (à laquelle peu de gens croyaient au départ). Sans trop de convictions, il adapte des morceaux des Beatles mais, plus country-rock que pop, c'est avec Tu n'es plus là, adapté du Blue Bayou de Roy Orbison qu'il fait la différence. En 1964, il partage l'affiche de l'Olympia avec les Beach Boys. Un de ses titres cartonne, Va t'en, va t'en, adaptation, il faut le préciser, du Go Now des Moody Blues. En 1967, il enregistre dans les studios de Muscle Shoals, Alabama, où s'illustreront bien des années plus trad, le groupe Lynyrd Skynyrd, un bon album, Dick Rivers Story.

A partir des années 60, la vague dite yé-yé étant sur le sable, Dick connaît une traversée du désert. En France du moins, car il continue de se produire au Québec où il est resté – et jusqu'à récemment – très populaire. Et il continue de suivre son petit bonhomme de chemin, avec des albums de rocks classiques, Dick'n'Roll et The Rock Machine (1972). Il bosse avec Alain Bashung, qui lui écrit des chansons (ensemble ils ont fait un album, Rock Band Revival). Dans la veine country cajun, il enregistre Mississippi River's dont la jaquette a été dessinée par le créateur de Lucky Luke, Morris.

En 1982, pour marquer les 20 ans des Chats sauvages, le groupe est reformé le temps d'un album, Les Chats sauvages 1982. La même année, l'album Sans légende est surtout un album... sans beaucoup d’amateurs... Pendant dix ans, jusqu'en 1992, Dick anime une émission sur RMC, « L'âge d'or de la pop music » surtout dévolue au rock des fifties et des sixties.

On le reverra sur scène aux côtés de Francis Cabrel, notamment. A Austin, il part enregistrer un album hommage à Buddy Holly, Holly Days in Austin. Ainsi, bon an, mal an, il n'aura jamais cessé de chanter (« Je suis un éternel débutant », disait-il) : Very Dick (1994), Plein Soleil (1995), Authendick (1996), Vivre comme ça (1998), Amoureux de vous (2000), Autorivers (2003), Dick Rivers (2006), L'Homme sans âge (2008), Mister D (2011), Gran'Tour (2012), Rivers (2014).

Ajoutons à tout cela trois films (dont deux tournés par Jean-Pierre Mocky), de la télévision, des doublages (dont la voix française de Shere Khan dans Le Livre de la jungle 2), une incursion au théâtre, des livres dont Complot à Memphis (1989), Texas Blues (2001), Mister D (2011), etc.

So long, Dick et reprend, là-haut, la conversation de quelques courtes minutes que tu avais eue avec Elvis un soir à Las Vags en 1969. Tu as désormais toute l'éternité devant toi....

Alain Sanders

 

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