Âmes sensibles s'abstenir ! Le roman de Peter Farris (son second après le très remarqué Dernier Appel pour les vivants) est d'une singulière violence. Pas du genre à mettre entre les mains des jeunes filles en fleurs ou des grands garçons boutonneux.

A peine âgé de 18 ans, Maya, esclave sexuelle d'un trafiquant de chair fraîche, Lucio Cottles, surnommé « Mexico », et littéralement vendue au maire pourri d'une grande ville de Géorgie, est promise à un terrible sort : la mort et, pour faire disparaître son corps, le marigot aux crocodiles..

.Sa soif de vie, son formidable instinct de survie, vont lui permettre d'échapper aux nervis chargés de la tuer après s'être un peu amusés avec elle. Le motif de son assassinat programmé ? Elle a découvert sans le vouloir, et parce que le maire parle trop, les projets calamiteux de ce dernier pour la ville.

En pleine nuit, la peur au ventre, perdue en pleine forêt de Géorgie, elle trouve refuge chez un vieux gars, Leonard Moye. Un redneck d'anthologie. Un gaillard solitaire qui n'aime pas qu'on vienne sur ses terres. Un gus de l'espèce irascible qui ne fait pas dans la dentelle.

Contre toute attente, il va prendre Maya sous son aile. En commençant par éliminer les deux voyous qui la pourchassent. Il en flingue un et renvoie l'autre, tabassé et à poil, chez ses commanditaires.

A celui qu'il a buté, Javon, qui se préparait à tuer Maya, il a simplement dit : « C'est moi qui distribue les coups dans les parages ». Et ce n'est pas une promesse en l'air...

Inutile de dire que Mexico et sa bande, pressés par le maire, vont tout mettre en œuvre pour pour retrouver Maya et son protecteur. Ce qu'il ne sait pas, Mexico, c'est qu'entre le vieux redneck et Maya, ces deux blessés de la vue, s'est construite une amitié à la vie à la mort. Leonard, faut pas venir le chercher : « Leonard était bien armé quand il arpentait ses terres – des dizaines d'hectares de prés, de pinèdes et de bords de rivière –, s'assurant toujours d'emporter un calibre à levier pour ce genre de moment ».

Fantasia chez les ploucs ! Pour les crapules venues de la ville, pervers, vicieux, tourmenteurs de gamines sans défense, ce n'est pas Georgia On My Mind que va leur chanter Leonard, mais une toute autre musique...

On croisera en chemin deux shérifs ? Un très pourrave, Prance, et un clean cut lad, Chalmers, qui ne plaisante pas avec la loi et l'ordre, quel que soit le prix à payer. Pour faire bonne mesure, Leonard, qui n'est pas sorti de chez lui depuis des années, va aller parler du pays – et plus – au maire amateur de coups foireux et de chair fraîche. Avec cette tranquille explication : « Une jeune personne est rentrée dans ma vie. Et j'ai essayé de l'aider. De faire des choses bien, même si ça impliquait de tuer des gens ».

Ancien chanteur d'un groupe de rock, Peter Farris a été un temps guichetier dans une banque du Connecticut. Une banque un jour victime d'un braquage, ce qui lui a inspiré son premier roman. Aujourd'hui, il vit dans le comté de Cherokee en Géorgie. Où, on veut bien le croire, il a croisé la route de quelques très rugueux Leonard Moye.

Alain Sanders

– Éditions Gallmeister