Wild, Wild West

Craig Johnson : La Dent du serpent

 

De roman en roman, avec des petits trésors comme Le Camp des morts, Enfants de poussière, Molosses, Walter Longmire, shérif du comté d'Absaroka, le comté le moins peuplé du Wyoming (qui est l’État le moins peuplé des États-Unis), est devenu plus qu'une connaissance : un ami avec lequel on aimerait partager des souvenirs du Vietnam et une bonne bouteille de Jack Daniel's...

Au départ, l'histoire saugrenue d'une vieille dame, Barbara Thomas, qui confie à Longmire que, lorsqu'elle s'absente, des « anges » viennent réparer chez elle tout ce qui ne marche pas... Intrigué, Longmire essaie d'en savoir plus et tombe, en guise d' « ange », sur un gamin fugueur, Cord. Il a trouvé refuge dans un cabanon et se nourrit dans les placards de Barbara, en échange de quoi il rend de menus services.

En compagnie de son adjointe, Vic Moretti (avec laquelle il entretient désormais un commerce de lit), Longmire va essayer de ramener Cord chez les siens. Ils vont découvrir une inquiétante communauté polygame qui prétend, de surcroît, ne rien savoir du fugueur. Retranchés derrière des miradors et protégés par des jeunes surarmés, les membres de la communauté peuvent faire face à un siège.

Comme si cela ne suffisait pas à occuper l'emploi du temps d'un shérif, Longmire va devoir gérer un étonnant personnage, un vieux bonhomme qui se présente sous le nom d'Orrin le Mormon et décline une étonnante identité : « L'Ange de la Mort, le Danite : Homme de Dieu, Fils du Tonnerre »...

Ce qui justifie la question que pose Vic Moretti : « Tu crois qu'il y a plus de fous dans notre comté qu'ailleurs ? » Et la réponse de Longmire : « Eh bien, la nature ayant horreur du vide, les bizarreries sont attirées par les grands espaces. Parfois, elles perdurent là où rien d'autre ne le pourrait ».

Mais il y a de doux dingues. Catégorie dans laquelle on pourrait ranger Orrin le Mormon. Et les autres. Les fous dangereux, les fous furieux. Comme ceux de la communauté polygame, manipulés par un patriarche déjanté et des hommes de main qui ne reculent devant rien. Longmire, couturé de partout, a déjà eu affaire à de vrais nuisibles. Mais rarement comme ceux-là.

En plus de Vic, il peut bien sûr compter sur son complice de toujours, ancien du Vietnam comme lui, Henry Standing Bear, jamais en retard pour aller à la castagne. Car au final, et surtout quand des enfants sont victimes de dérives sectaires, force doit rester à la loi.

Le titre du livre, La Dent du serpent, est tiré d'une citation du Roi Lear de Shakespeare (qui connaissait mal les serpents) : « Combien la dent du serpent est moins cruelle que la douleur d'avoir un enfant ingrat ! » Mais il y a pire que d'avoir un enfant ingrat : avoir des enfants martyrs d'adultes cruels. Dans ces cas-là, Walter Longmire et Henry standing Bear ne mégotent pas, l'un crie « Assomme ! » et l'autre « Tue ! »

Alain Sanders

– Éditions Gallmeister

 

 

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