Craig Johnson : Tous les démons sont ici
Walt Longmire rides again…

 

Au fil de ses aventures, Walter Longmire, shérif d’un comté des Bighorn Mountains, Wyoming, et son petit monde, sont devenus comme des amis. Rappelons le titre des précédents ouvrages (tous publiés chez Gallmeister) :
Little Bird
Le Camp des morts
L’Indien blanc
Enfants de poussière
(mon préféré à ce jour)
Dark Horse
Molosses

Sa dernière aventure, dont le titre, Tous les démons sont ici (titre original : Hell is empty), est tiré de l’acte I, scène II de La Tempête de Shakespeare (“L’enfer est vide / Et tous les démons sont ici”), nous entraîne certes en enfer, mais l’enfer de glace des montagnes du Wyoming.

Indien Crow d’adoption, Raynaud Shade, dangereux sociopathe (et pire encore) doit être remis par Longmire et ses adjoints – avec une fournée de convicts qui ne valent guère mieux – aux agents fédéraux.

Nous sommes début mai. Mais l’hiver joue les prolongations. Ce transfert c’est, en principe, une opération de routine. Et Longmire n’a qu’une hâte : en finir et aller passer une soirée tranquille chez son adjointe, Victoria Moretti (avec laquelle il a un commerce de lui depuis L’Indien blanc), en compagnie de son ami Henry Standing Bear.

Nous avons évoqué Shakespeare. Mais il faut aussi évoquer Dante. En exergue du livre, un extrait de son grand classique, La Divine Comédie : “Je n’aurais jamais cru / Que la mort en aurait tant détruit” (“L’Enfer”, chant 3, vers 56-57). Dante, aussi, parce que l’autre adjoint de Longmire, le Basque Santiago “Sancho” Saizarbitoria, est plongé dans La Divine Comédie. Regrettant d’avoir des lacunes littéraires, il a demandé à Longmire, à Vic, à la standardiste Ruby, à Henry Standing Bear, de lui faire une liste de livres qu’il faut avoir lus selon eux. Une liste bien conçue : La Divine Comédie, par quoi il a commencé, Les Trois Mousquetaires, Enterre mon cœur à Wounded Knee, Les Misérables, Les Raisins de la colère, etc.

Le transfert, une simple formalité normalement, ne se déroule pas comme prévu. Sous la direction de Raynaud Shade, qui a pris deux otages (dont une agente du FBI), les malfrats s’évadent et se retrouvent dans la nature – et quelle nature… – avec Longmire à leurs trousses. Une mission, sinon impossible, au moins… dantesque.

Jamais, dans ses précédentes aventures, Longmire n’est passé aussi près de la mort. Il lui faudra, outre sa résistance de vieux dur à cuire, l’aide de toutes les ombres spectrales des Hautes Plaines, à commencer par celle d’Owen White Buffalo, une vieille connaissance à lui, revenu des terres de l’Au-Delà. Rencontre de trompe-la-mort en quelque sorte…

Longmire a une bonne raison de tenir bon. Il doit organiser, à la réserve cheyenne, le mariage de sa fille, Cady, avec le frère de Vic Moretti, policier à Philadelphie (et rencontré dans L’Indien blanc). Pour cela, il est prêt à faire, à Cady et à Vic, des promesses (qu’il ne tiendra sans doute pas) : plus de montagnes glacées, plus de chutes de voitures qui roulent, plus de balles dans le corps, des occupations de son âge…

Bref, le temps de récupérer physiquement et de contempler la bande de platine dessinée par la lumière de la fin du jour sur la pointe du sommet de Cloud Peak, Walt sera prêt, et comment en douter, à repartir vers de nouvelles aventures. Dans la Big Horn National Forest, il n’y aura jamais de place pour les pieds tendres de l’Est.

Alain Sanders

– Editions Gallmeister.

 

 

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