Que dire de ce festival ? Qu’il est une référence nationale et européenne dans la sphère de la musique country. C’est une évidence… ! On vous le répète depuis déjà tellement d’années.

Vous dire que les 15 concerts de cette année ont été excellents ? Vous trouverez sur la toile de nombreux reportages très bien faits pour revivre tous ces moments exceptionnels.

Non, je veux juste vous livrer, par ces quelques lignes, quelques impressions d’un fan de country qui a retrouvé Craponne 9 ans après.

Craponne est entrée dans la légende des festivals. De tous les festivals. Pourquoi ?

Pour ce petit « supplément d’âme » qui n’existe que dans ce festival niché aux confins de la Haute-Loire. Que l’on se retrouve près de la scène, en backstage, ou simplement en se promenant sur le site au milieu de ce public passionné, on fait partie de cette histoire, de cette communauté de ceux qui sont là pendant ces trois jours, de ceux qui n’auraient manqué cela pour rien au monde.

Avoir participé à Craponne, c’est un peu comme avoir été à Woodstock ! C’est entrer dans la légende !

A Craponne, on n’est pas spectateur, on n’assiste pas à un spectacle. On vit une expérience hors de l’espace, hors du temps. C’est une trêve dans un monde, oh combien détraqué…

Les Sweetback Sisters

J’entends encore ces gens dire : « Ici, on ressent une ferveur, une passion mais surtout jamais d’ agitation, aucune agression, aucun énervement. Pourtant, rendez-vous compte, nous sommes plusieurs dizaines de milliers ! » C’est vrai. C’est un moment de paix et de respect dans l’amour de la seule musique.

Autre analogie avec les grands festivals du siècle dernier : la pluralité des genres. On passe d’un bluegrass dans la plus pure tradition à un rock sudiste qui, pour le moins, « fait parler la poudre », comme on dirait dans l’Ouest sauvage ! Flynnville Train. Un train, et un groupe qu’on n’est pas prêts d’oublier.

Et oui, comme en 1969, Bob Dylan, puis Jimmy Hendrix, Santana, Ten Years After, ça ne vous rappelle rien ? Tous les styles, mais juste… les meilleurs !

C’est aussi ça la country music à Craponne : des univers différents et variés, mais jamais opposés. Au Country Rendez-Vous, nous sommes tous là pour la même chose : écouter de la très bonne musique jouée par d’excellents musiciens. Nous avons eu droit à un « festival » sur chacun des styles musicaux. Certains auront préféré le fiddle mélancolique, d’autres les accents western swing. Certains auront vibré sur des riffs de guitare à faire pâlir d’envie les plus exigeants amateurs de rock pur et dur.

A aucun moment, à Craponne, je n’ai entendu (ce que l’on entendait il y à quelques années, ici ou là) : « C’est trop rock. » ou « C’est trop vieillot. » Ceux qui viennent à Craponne sont de vrais amateurs de country et, plus généralement, de vrais amateurs de musique. On est loin des idées toutes faites et c’est très bien comme ça. Et puis, c’est tout cela la country : un immense univers musical avec une palette de styles très différents, au même titre que le rock ou la musique classique.

Sinon, que dire d’autre ? Que j’ai craqué sur le concert bluegrass de Rhonda Vincent qui revenait à Craponne 10 ans après. Quel bonheur ! Quel talent, et quelle gentillesse !

Qu’Aaron Watson et Kyle Park, deux vrais « singing cowboys », m’ont embarqué dans les grands espaces du Texas, dans la plus pure tradition des ballades honky-tonk.

Que Tanya Tucker m’a fait revivre l’époque de ces grandes reines de la musique, de celles qui savaient mettre le feu dès qu’elles entraient sur scène.

Que Paul Young (si, si celui que vous connaissez… ! ) et ses Pacominos m’ont emmené très loin, quelque part entre les deux rives du Rio Grande.

Voila, c’est tout cela Craponne. Et plus encore. Trois jours pour entrer dans la légende. Trois jours pour faire le plein de souvenirs et tenir jusqu’à l’année prochaine !

Guy Moraly

Photos : Jean-Claude et Cathy Gauthier