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Craig Johnson : Le Coeur de l'hiver Loin, très loin de son Wyoming ! |
Depuis Little Bird, premier opus de la saga de Walter Longmire, shérif du comté d'Absaroka, dans le Wyoming, nous n'avons pas raté une seule aventure de ce gaillard. Au fil du temps, il est devenu, lui et son petit monde familier et familial, un ami avec qui nous partageons beaucoup de choses. Inutile de dire que nous le suivons dévotement dans ce Cœur de l'hiver (Gallmeister) qui, pour une fois, l'emmène – et nous avec – loin, très loin de son Wyoming. Parce que Thomas Bidarte, l'un des chefs les plus cruels – et Dieu sait si la concurrence est rude – d'un des cartels mexicains, a enlevé sa file, Cady. A Longmire, Bidarte a envoyé un seul mot : « Venez ». A savoir, venez vous jeter dans la gueule du lion si vous voulez avoir une chance de sauver votre fille.
Il ne faut jamais défier Longmire : « C'est celui
qui est prêt à aller plus loin que tpout le monde qui gagnera.
Et, pour sauver ma fille, je serais prêt à faire l'aller-retour
jusqu'aux enfers, sans reprendre mon souffle ». Et c’est
ce qu'il va faire. Il va franchir le Phlégéthon, l'un
des cinq fleuves mythiques – qui sont tout sauf des fleuves tranquilles
– des Enfers... |
Au Mexique, il est seul. Au milieu de nulle part. Dans un désert hostile. Ne pouvant même pas compter sur l’aide des autorités mexicaines et américaines qui craignent ce maverick prêt à déclencher l'apocalypse pour tirer sa fille des griffes du diable. Par-delà cette aventure mexicaine, Graig Johnson, qui emmène rarement, et jamais très longtemps, son héros hors de son cher Wyoming, décrit un Mexique où la barbarie indicible des cartels, qui se partagent le pays et entretiennent de véritables armées, fait peur aux forces de police (impuissantes, terrifiées, voire complices) et aux forces fédérales dépassées par une situation devenue incontrôlable. Impressionnant, efficace, glaçant... La traduction française du Cœur en hiver est accompagnée de quelques notes qui, nous indique-t-on, sont « toutes de la traductrice ». Fort bien. Ces notes sont d'ailleurs bienvenues et utiles. Mais d'autres manquent qui auraient pourtant été encore plus utiles pour éclairer le lecteur français lambda. Qu'on nous permette de prendre quatre exemples (il y en aurait une douzaine d'autres à donner). A un moment du récit, un des protagonistes chante In the Jailhouse Now. Ce qu'il chante est traduit, certes, mais aucune indication du titre de la chanson et rien pour signaler que ce standard de la country music a été écrit et chanté par l'immense Jimmie Rodgers, le légendaire Blue Yodeler. A un autre moment, Longmire fait référence à Will Rogers. Une note se serait imposée pour rappeler que Will Rogers (1879-1935) fut une star du cinéma hollywoodien, comédien, scénariste, producteur. A un autre moment, encore Longmire parle de « sept anges espagnols » qui peuvent sembler bien inattendus au lecteur non-averti. Une note s'imposait donc pour expliquer cette référence. A savoir une autre chanson country, Seven Spanish Angels, écrite en 1984 par Troy Seals et Eddie Setser et portée au sommet des hits par Ray Charles et Willie Nelson, un duo à pleurer dans sa bière. Note d'autant plus judicieuse que Seven Spanish Angels est un hommage au classique de Marty Robbins, El Paso, ville frontière où commencent les tribulations de Longmire. Un petit dernier pour la route. A un moment de l'action, Longmire dit : Semper Fi. A savoir : Semper Fidelis (« toujours fidèle »), devise des Marines. Belle occasion de le dire et de rappeler que Longmire, vétéran du Vietnam, est un ancien Marine. Alain Sanders -
Editions Gallmeister. |
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