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Le chef d’œuvre d’A. B. Guthrie
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Nous avons déjà eu l’occasion de saluer la belle collection des éditions Actes Sud, “L’Ouest, le vrai”, confiée à Bertrand Tavernier. Avec, en ouverture, deux titres, Terreur apache de William Riley Burnett et Des clairons dans l’après-midi d’Ernest Haycox. Pour suivre, du lourd, du très lourd : les deux premiers volets d’une série légendaire, The Big Sky d’Albert Bertram Guthrie : La Captive aux yeux clairs et La Route de l’Ouest. Le cycle de “The Big Sky” comporte deux autres titres. Quand paraît The Big Sky, en 1947, le succès est tel que le Montana adoptera ce nom comme surnom de l’Etat montrant, comme l’écrit Bertrand Tavernier, “à quel point Guthrie avait su capter l’essence, les racines de toute une conscience collective”. Au fil de ces deux premiers volumes (chacun comptant pas loin de 500 pages), les personnages nous entraînent dans des aventures – et, au-delà des aventures, dans une exploration ethnographique – dans le Haut-Missouri (La Captive aux yeux clairs) et les Rocheuses (La Route de l’Ouest). En route pour l’Oregon Trail ! Une “promenade” de 3000 kilomètres… Nos compagnons de route ? Des trappeurs, des chasseurs de fourrure, des coureurs de bois, des pionniers qui sont tout sauf de paisibles et pacifiques voyageurs. Dans
La Captive aux yeux clairs, trois personnages se détachent
plus particulièrement : Boone Cardill, Jim Deakins, Dick Summers.
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De ces trois-là, on retrouvera Dick Summers, héros également de La Route de l’Ouest. Guthrie a six mois quand sa famille émigre à l’Ouest (son père sera le directeur du premier lycée du Montana). Plus tard, ses parents, soucieux de la santé de leurs enfants (un peu tard : seulement trois sur neuf survivront), s’installeront en Californie jugée plus clémente. |
En 1945, Guthrie, qui a reçu une bourse de l’université de Harvard pour son travail de journaliste au Lexington Ladder, peut se consacrer entièrement à l’écriture. EN 1950, il reçoit le prestigieux prix Pulitzer pour les deux premiers tomes de la série “The Big Sky”. Il s’installera alors dans le Montana (et c’est à lui que l’on doit de parler aujourd’hui d’une école littéraire du Montana) pour écrire la suite de son grand œuvre. Scénariste, il écrira notamment le scénario de l’adaptation cinématographique de La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks (avec Kirk Douglas), mais aussi celui de Shane (en français, L’Homme des vallées perdues) adapté du roman de Jack Schaefer et un des sommets du western. Dans sa préface à cette belle édition de La Captive aux yeux clairs, James Lee Burke (qui a donné à son héros récurrent, Dave Robicheaux, le surnom de “Belle Mèche”, qui est celui d’un des personnages de Guthrie, le redoutable Streak), écrit : “Si vous lisez Guthrie, vous ne l’oublierez jamais”. Et il n’hésite pas à qualifier La Captive aux yeux clairs de “roman homérique”. Mon héros préférée dans cette saga que je relis une fois l’an (comme je le fais avec Les Trois Mousquetaires) ? Dick Summers, bien sûr, guide au grand cœur, homme de la montagne, archétype de ces héros de l’Ouest qui, c’est vrai, n’ont rien à envier à ceux de Homère. Alain
Sanders |
– Actes Sud, collection “L’Ouest, le vrai”. |
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