Albert Bonneau
Le Capitaine Providence

 

Il y a déjà quelques années, consacrant un article à Albert Bonneau (1898-1967), « l’homme aux mille romans », j’écrivais : « Albert Bonneau est complètement oublié. C’est dommage car il y a là, pour tous ceux qui n’ont pas trahi l’esprit d’enfance sans lequel on n’est qu’un adulte triste, des pages et des pages de rêve, d’action, d’aventures. Mais l’avenir n’étant écrit nulle part, il n’est pas dit qu’un jour, peut-être, un éditeur sagace saura découvrir cette mine. Et ramener Albert Bonneau à la place qu’il n’aurait jamais dû quitter. » Eh bien, le voilà cet éditeur sagace qui nous propose de (re)trouver un grand roman de cape et d’épée de Bonneau, Le Capitaine Providence ! Une histoire qui se déroule dans le Bourbonnais, à l’époque où les Grandes Compagnies faisaient la loi.

Les pillards de Coupe-Gorge tombent comme des sauterelles sur les terres du sire de Vinay, sujet du duc Louis de Bourbon. Ils menacent le château du Bois-Joli et enlèvent la fille de Vinay sur laquelle Coupe-Gorge, qui ne doute de rien, a des prétentions. Heureusement le Capitaine Providence, le bien nommé, va s’occuper de remettre les voyous à leur place. Six pieds sous terre...

Chez Tallandier, Albert Bonneau avait été le successeur d’un autre grand écrivain populaire (à tous les sens du mot), Louis Boussenard. Mais il publiera aussi à la Bonne Presse, à la Renaissance du Livre, chez Ferenczi, chez Rouff, etc.

Il abordera tous les genres : les romans de cape et d’épée, donc, les romans héroïques, les voyages et les aventures, le western, les aventures du Far-West. Avec, côté western et Far-West, un personnage récurent, le cowboy Catamount (1) dont il a trouvé le nom chez Fenimôre Cooper.

Né à Moulins, Albert Bonneau commencera une carrière de journaliste. De 1920 à 1922, il collabore à des périodiques locaux sous différents pseudonymes. En 1922, il est engagé par la revue Commedia qu’il quitte pour Cinémagazine : entre 1923 et 1925, il y publie quelque 350 articles. En 1927, il abandonne le journalisme pour se consacrer à ce qu’il préfère : raconter des histoires. Son premier roman donne le ton Nicolas la Tempête, frère de la Côte.

Il faudra attendre 1926 – et des centaines de romans – pour que la reconnaissance tant attendue arrive : la Société des gens de lettres l’accueille comme membre-sociétaire et lui décerne le prix Emile-Richebourg.

Dans la collection « Aventures du Far-West », de nombreux titres (comme Tom Cyclone cowboy, par exemple) mériteraient eux aussi la réédition. A commencer par L’Espionne du Sud qui se déroule pendant la guerre de Sécession, dans et autour de Vicksburg assiégé par les Yankees.

Pour l’heure, savourons ce petit miracle que constitue la réédition de ce Capitaine Providence. Albert Bonneau est de retour et, avec lui, un univers où l’action et l’aventure mènent le bal.

Alain Sanders

(1) En mohican, catamount signifie « chat sauvage ».

– Editions Edilivres Alaris, 56 rue de Londres, 75008 Paris.

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