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Raymond Auzias-Turenne : un royaliste chez les cowboys |
Né le 23 novembre 1861 à Grenoble, dans une famille royaliste et catholique, Raymond Auzias-Turenne décide en 1885 – il a alors 24 ans – de partir pour l'Amérique du Nord. Pour y élever des chevaux. Et particulièrement des percherons, une espèce alors inconnue aux États-Unis. Débarqué à New York avec quelques chevaux, il part aussitôt pour Sydney dans le Dakota du Nord. Il s'installe à Custer City dans un ranch qu'il baptise, pour bien afficher ses convictions politiques, « Fleur de Lys ». Avec ses percherons et des anglo-arabes, il devient en moins de quatre ans, l'un des éleveurs le plus important et le mieux considéré de la région. S'étant attaché l'amitié de Sitting Bull, qui vit dans la réserve de Pine Ridge (Dakota du Sud), il va avec l'aide du chef indien acheter des chevaux au Colorado, accroissant et améliorant sans cesse son cheptel. En 1889, fortune faite, il choisit de passer au Canada et de s'installer à Montréal, pour échapper à un Ouest envahi par des milliers de fermiers qui clôturent leurs terres avec les « fils du diable », les barbelés. Avec
un homme d'affaires québécois, Louis Beaubien, il crée
un haras. Et il épouse la fille de Beaubien, la jeune et jolie
Marie-Suzanne. Le couple aura quatre enfants. Auzias-Turenne sera en
charge de la section chevaline |
au pavillon canadien de l'Exposition universelle de Chicago en 1893. A cette occasion, il fera la connaissance de Buffalo Bill. Il va alors raconter son périple américain dans un livre, Cowboy, publié en 1896 cher Calmann-Lévy. A Montréal, il publie un livre de réflexions politiques, République royale (1894). Et il se liera d'amitié avec Paul Bourget qui parlera largement de lui dans un ouvrage (hélas méconnu) de 1895, Outremer. Tous les étés – de 1898 à 1902 – Auzias-Turenne séjourne à Dawson City, capitale du Yukon, à la frontière de l'Alaska. Dans un roman qui tient beaucoup du récit, Le Roi du Klondike, il raconte l'épopée de la ruée vers l'or tant au Yukon qu'en Alaska. Il sera nommé agent consulaire de la France au Yukon, une tâche qu'il assumera avec sérieux et autorité dans un territoire pour le moins difficile. A partir de 1902, l'or s'épuisant, Dawson City décline. Alors Auzias-Turenne change d'horizon et investi à Seattle, ville jeune alors en pleine expansion. Rejoint par sa famille, il vivra trente-cinq ans à Seattle où il va réussir comme banquier d'affaires. Quand éclate la Première Guerre mondiale, ses deux fils s'engagent dans l'armée canadienne. Tous les deux seront gravement blessés lors de l'horreur de la bataille d'Ypres en 1915. A Seattle, bien qu'ayant pris la nationalité américaine, il reste d'un patriotisme sans faille. Il recevra le maréchal Foch en 1921 et le maréchal Fayolle l'année suivante avec tous les honneurs de circonstance. Auzias-Turenne meurt en 1940, catastrophé semble-t-il par l'annonce de notre défaite face à l'Allemagne. Dans son héritage, sa première selle achetée lors de son établissement au ranch « Fleur de Lys » au Dakota... Cowboy, éleveur, entrepreneur, homme d'affaires, banquier, il avait trouvé, loin d'une France qu'il avait quittée pour vivre librement, une raison d'être. Sans jamais rien renier de ses convictions. Alain Sanders |
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